Affaire Urbain Dangnivo : deuxième jour du procès public, révélations et contradictions devant la cour
Le procès tant attendu de l’affaire Urbain Pierre Dangnivo, relancé hier mardi 11 mars 2025 après 15 ans de détention provisoire des accusés, se poursuit ce mercredi 12 mars 2025 au Tribunal de Première Instance de Cotonou.
Rappel de l’audience du mardi 11 mars 2025
Mardi, lors de l’ouverture du procès, les deux accusés, Codjo Cossi Alofa et Donatien Amoussou, ont nié toute implication dans l’assassinat de l’ancien cadre du Ministère de l’Économie et des Finances. Alofa a affirmé avoir été arrêté pour un vol de moto et aurait accepté d’endosser le crime en échange d’une libération après quatre mois et d’une somme de 25 millions de francs CFA. « Je ne connais DANGNIVO ni d’Adam ni d’Ève », a-t-il déclaré devant la cour. Son coaccusé, Donatien Amoussou, a, quant à lui, expliqué avoir été utilisé pour faire circuler un téléphone, sans savoir qu’il appartenait à Urbain Dangnivo. Il a également évoqué la visite en prison des anciens ministres Grégoire Akofodji et Bernard Davo.
L’audience s’était achevée mardi à 16h58 sur une suspension par le président de la cour, Guillaume Laly.
Jour 2 : Témoignages sous tension et contradictions
Ce mercredi 12 mars 2025, le procès a repris sous forte affluence, avec la présence de professionnels des médias, de curieux et de la famille d’Urbain Dangnivo. Selon les informations rapportées par Peace FM, plusieurs témoins clés, dont un expert français, deux experts béninois et d’anciens hauts responsables, ont été appelés à la barre. Parmi eux :
- Bernard Davo, ancien ministre
- Le colonel Koumassegbô, ex-chef de la sécurité présidentielle
- Enock Laourou, contrôleur général de police
- Dr Alao, expert béninois
Les révélations de Codjo Cossi Alofa
Lorsqu’il a été entendu, Codjo Cossi Alofa a fait des révélations troublantes sur son évasion. Il a affirmé qu’après s’être retrouvé en liberté, il a fui vers Hillacondji, où il a acheté un téléphone et une carte SIM à 12 000 francs CFA. C’est à ce moment-là qu’il aurait appris qu’il était recherché.
« Ce ne sont pas les policiers togolais qui m’ont arrêté. C’est moi-même qui suis allé à la police. Je leur ai demandé de me rendre à la justice béninoise », a-t-il confié.
Il a également révélé que lors de son incarcération, il avait été enfermé pendant un an et dix jours sous la surveillance de 58 militaires de la garde présidentielle. Il affirme que son évasion a été orchestrée par des hommes cagoulés dont il ne pouvait voir les visages.
Enock Laourou contredit Donatien Amoussou
À 10h23, le contrôleur général de police, Enock Laourou, a été appelé à la barre. Il a affirmé qu’en 2010, il était chef de service au niveau du renseignement, mais qu’il n’avait aucune information directe sur l’affaire.
« J’étais un jour dans mon bureau au camp quand j’ai entendu des bruits. Je me suis levé et j’ai vu qu’il y avait des gens qui se battaient autour d’un détenu qui tentait de s’échapper. Et c’était Alofa », a-t-il déclaré.
Cependant, lorsque Donatien Amoussou a pris la parole à 10h32, il a formellement contredit cette version. Il a affirmé connaître Enock Laourou et l’accuse d’avoir tenté de l’éliminer en prison :
« Il était quelque part en train de me guetter. Puisque le gendarme qui avait la canne n’a pas réussi à m’achever, il est venu dans un pick-up avec trois gendarmes. C’était un coup monté », a-t-il martelé devant la cour.
L’affaire du téléphone : nouveaux doutes
Le procureur s’est également penché sur l’usage des téléphones en prison, soulevant la question d’un éventuel numéro utilisé par Alofa. Ce dernier a nié en avoir possédé un, ce qui a provoqué une mise au point du procureur :
« Cette audience n’est pas une rigolade. Nous savons que des prisonniers utilisent des téléphones en prison », a-t-il affirmé.
Enock Laourou, pour sa part, a précisé que son service de renseignement avait obtenu le numéro d’Alofa grâce à un « service spécial » et l’avait suivi jusqu’au Togo. Il a précisé :
« Nous pouvons localiser un téléphone en 15 minutes, 30 minutes ou plus, selon l’urgence. Dans le cas de l’évasion d’Alofa, les Togolais ont mis deux jours pour le repérer et le remettre à Interpol Bénin ».
Suspension de l’audience
À 11h25, l’audience a été suspendue, laissant place à de nombreuses interrogations sur les responsabilités dans cette affaire qui hante la justice béninoise depuis 15 ans.
Le procès continue de captiver l’opinion publique, avec des révélations qui pourraient faire basculer l’issue du dossier Urbain Dangnivo.
Affaire à suivre…
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