Bamako : la junte malienne rebaptise des rues et monuments en signe de rupture avec l’histoire coloniale française

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Une trentaine de lieux publics à Bamako changent de nom, marquant une nouvelle étape dans le rejet de l’influence coloniale et des organisations régionales perçues comme proches de la France.

Un panneau d’affichage dans une rue de Bamako le 1er novembre 2024 « Le général Assimi est pour le Mali ce que le général de Gaulle était pour la France »

Dans un décret rendu public hier mercredi 18 décembre 2024, le chef de la junte malienne a annoncé une série de rebaptisations de rues, boulevards, places et autres monuments publics à Bamako, la capitale du pays. Cette décision s’inscrit dans la continuité d’un processus déjà entamé par d’autres régimes militaires du Sahel, notamment au Niger et au Burkina Faso, qui ont eux aussi modifié des noms de rues et de monuments pour rompre avec l’héritage colonial français et affirmer leur souveraineté nationale.

Parmi les changements les plus notables figure la transformation de l’avenue Cedeao, une artère centrale de la capitale qui portait le nom de l’organisation régionale ouest-africaine, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest. Désormais, elle sera appelée “Avenue de l’AES”, en référence à l’Alliance des États du Sahel, une nouvelle organisation formée par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, tous trois gouvernés par des régimes militaires après une série de coups d’État entre 2020 et 2023. Ce changement symbolise un rejet des liens avec la Cedeao, perçue par ces pays comme trop proche des intérêts français.

Au total, ce sont près de 25 lieux, établissements publics et monuments qui voient leur nom modifié. Ces rebaptisations font écho à la montée en puissance d’un nationalisme sahélien, où la lutte pour la souveraineté devient un élément central de la politique des régimes militaires au pouvoir. En réduisant les traces de l’empreinte coloniale et des structures régionales associées à l’ancienne puissance coloniale, la junte malienne cherche à affirmer son indépendance face à la France et à d’autres influences extérieures.

Ce mouvement s’inscrit également dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes avec la France, qui ont conduit les autorités maliennes à reconsidérer leurs relations avec leurs anciens colonisateurs. Le Niger et le Burkina Faso, dans des démarches similaires, ont rebaptisé plusieurs rues et monuments ces deux dernières années, illustrant un phénomène de rejet collectif dans la région.

Ainsi, cette série de décisions pourrait avoir un impact durable sur la mémoire collective et les relations diplomatiques au Sahel, marquant un tournant dans la manière dont ces pays se redéfinissent dans le paysage géopolitique mondial.

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