
Le Ghana est sous le choc depuis le tragique accident d’hélicoptère survenu le 6 août 2025, qui a coûté la vie à huit personnes, dont deux ministres en fonction. Le drame s’est produit dans la région d’Ashanti, alors que l’appareil, un hélicoptère militaire Harbin Z-9EH, effectuait un vol entre Accra et Obuasi. L’émotion est vive dans le pays, et les hommages affluent de toutes parts. Mais au-delà du deuil, le choc laisse place à des interrogations persistantes sur les causes de ce drame, les conditions de sécurité et les conséquences politiques.

Débris de l’hélicoptère au sol
Une mission gouvernementale qui vire au drame
L’hélicoptère, utilisé par l’armée de l’air, avait quitté la capitale dans le cadre d’une mission gouvernementale stratégique liée à la lutte contre l’extraction illégale de l’or, phénomène connu localement sous le nom de « galamsey ». À bord, plusieurs hauts responsables du régime Mahama se rendaient à une rencontre avec les autorités locales et des opérateurs miniers.
Gros plan sur les pièces calcinées ou écrasées
L’appareil a soudainement disparu des radars peu après son décollage, et les opérations de recherche ont permis de localiser les débris dans une zone forestière difficile d’accès, totalement calcinés. Aucun survivant n’a été retrouvé. Selon les premiers constats, les corps ont été retrouvés carbonisés, rendant leur identification plus complexe. Les enquêteurs évoquent, à ce stade, des conditions météorologiques potentiellement défavorables ou une défaillance mécanique, sans écarter d’autres pistes. L’enquête, menée par les autorités militaires ghanéennes, est toujours en cours.
Des pertes humaines d’une ampleur inédite
Parmi les victimes figurent deux piliers du gouvernement. Le ministre de la Défense, Dr Edward Kofi Omane Boamah, était une figure centrale de la vie politique ghanéenne. Médecin de formation et ancien ministre de la Communication, il avait été rappelé au gouvernement en février 2025 pour prendre en charge le portefeuille stratégique de la Défense. Très proche du président John Mahama, il incarnait l’aile réformatrice du parti au pouvoir.
À ses côtés, Dr Ibrahim Murtala Muhammed, ministre de l’Environnement, de la Science, de la Technologie et de l’Innovation, également député de Tamale Central. Militant politique chevronné, il s’était récemment distingué dans la lutte contre l’orpaillage clandestin et les crimes environnementaux dans le nord du pays.
Autres personnalités disparues : Alhaji Muniru Mohammed Limuna, coordonnateur national adjoint de la sécurité ; Dr Samuel Sarpong, ancien ministre régional et vice-président du parti NDC ; et Samuel Aboagye, ancien candidat parlementaire. L’équipage, composé du commandant Peter Bafemi Anala, de l’officier Twum Ampadu et du sergent Ernest Addo Mensah, a également péri dans le crash.
Album photo des victimes
Hommages nationaux et deuil officiel
À la suite du drame, le président John Mahama a suspendu toutes ses activités officielles et décrété un deuil national de trois jours, avec mise en berne des drapeaux sur toute l’étendue du territoire. Dans une déclaration solennelle, il a qualifié la tragédie de “perte irréparable pour la nation” et salué l’engagement des victimes dans la construction d’un Ghana plus fort.
Drapeaux ghanéens en berne
Des veillées de prières ont été spontanément organisées dans plusieurs régions, notamment à Accra, Kumasi et Tamale. Devant les résidences des ministres décédés, les hommages se multiplient, témoignant de la profonde affection du peuple. Des membres du gouvernement et des figures de l’opposition, unies dans la douleur, ont appelé à l’unité et au respect du deuil national.
Albert Quashigah, ancien camarade d’université des deux ministres disparus, a prononcé un hommage poignant en leur mémoire. “Omane Boamah et Murtala n’étaient pas seulement des collègues, c’étaient mes frères. Je suis brisé. Je ne sais pas comment j’ai trouvé la force de parler”, a-t-il déclaré les larmes aux yeux lors d’une cérémonie privée.
Une onde de choc politique
Cet accident intervient dans un contexte politique délicat pour le Ghana, alors que le gouvernement s’apprêtait à dévoiler une réforme de grande ampleur pour encadrer l’exploitation minière artisanale. Plusieurs analystes politiques soulignent que la disparition simultanée de ces cadres pourrait créer un vide stratégique au sein de l’exécutif.
Le parti au pouvoir, le NDC, tente de rassurer en insistant sur la continuité des institutions. Néanmoins, certains observateurs redoutent que cette tragédie ne freine la mise en œuvre de réformes essentielles, notamment dans les domaines de la sécurité, de l’environnement et de la lutte contre la corruption dans le secteur minier.
L’enquête attendue au tournant
Pour de nombreux Ghanéens, au-delà de l’émotion, il est impératif que toute la lumière soit faite sur les circonstances du drame. Le ministère de la Défense a promis une enquête “transparente et rigoureuse”. Des experts internationaux en aéronautique pourraient être sollicités pour participer à l’analyse des boîtes noires, si elles sont retrouvées intactes.
Déjà, certains acteurs de la société civile appellent à un audit complet de la flotte aérienne gouvernementale et militaire. Des inquiétudes sur l’entretien des appareils militaires et les normes de sécurité en vigueur ont refait surface. La presse locale, tout en appelant à la retenue, demande des réponses claires, dans un esprit de vérité et de justice pour les familles endeuillées.
Vue du site après le crash
Au-delà de la douleur, le pays tente de se relever. Des messes et des prières musulmanes ont été organisées dans plusieurs localités pour honorer la mémoire des disparus. Leurs funérailles d’État sont en préparation, et devraient avoir lieu dans les prochains jours, avec la présence de plusieurs chefs d’État africains et de délégations étrangères.
Ce crash restera, sans nul doute, comme l’un des événements les plus douloureux de l’histoire récente du Ghana. Un rappel brutal des fragilités humaines, mais aussi de l’importance de préserver les vies de ceux qui servent la nation au plus haut sommet.
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