Diomaye–Sonko : le début d’une rupture au sommet de l’État sénégalais

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Portez l’elegance

Alors que le président Bassirou Diomaye Faye rentrait au pays après une visite officielle de plusieurs jours aux États-Unis, un détail n’est pas passé inaperçu : l’absence remarquée du Premier ministre Ousmane Sonko à l’aéroport militaire de Yoff. Si certains y voient une décision protocolaire sans grande signification, d’autres y lisent le signe d’un malaise croissant au sommet de l’État sénégalais.

Mozart

Vendredi 11 juillet, le président Faye est revenu au pays après avoir participé à une série de rencontres diplomatiques et économiques aux États-Unis, une tournée saluée par ses partisans comme un pas important vers le repositionnement international du Sénégal. Pourtant, à son arrivée, aucune présence du chef du gouvernement, Ousmane Sonko. Seuls quelques éléments du protocole militaire et le gouverneur du Palais étaient visibles.

Ce contraste avec les retours précédents, où Sonko s’était toujours tenu aux côtés du président, a aussitôt attiré l’attention. D’autant que cette absence intervient moins de 24 heures après une sortie très virulente du Premier ministre devant les militants du parti Pastef.

Une déclaration incendiaire de Sonko

Dans un discours prononcé le jeudi 10 juillet à Dakar, Ousmane Sonko a exprimé une profonde frustration vis-à-vis de ce qu’il qualifie de “déficit d’autorité” au sommet de l’État. « Il faut que cela soit clair. Il y a des choses que je ne peux plus accepter. Soit le président règle ça, soit il me laisse gouverner », a-t-il lancé devant une foule acquise à sa cause.

Ces propos, loin d’être anodins, marquent une rupture de ton. Ils traduisent un malaise institutionnel profond entre les deux hommes qui, à l’origine, formaient un tandem révolutionnaire promettant une gouvernance nouvelle, fondée sur la transparence, la justice sociale et la rupture avec le système.

Des tensions déjà perceptibles

Depuis l’accession au pouvoir de Diomaye Faye, beaucoup d’observateurs avaient relevé une certaine ambiguïté dans le partage des rôles entre le président et son chef de gouvernement. Si la Constitution sénégalaise reste claire sur la subordination du Premier ministre au président de la République, dans les faits, la dualité de leadership entre Faye et Sonko a souvent posé problème.

Sonko, fondateur charismatique de Pastef, s’est retrouvé contraint d’appuyer depuis l’arrière Diomaye Faye, son ami et camarade de lutte, devenu président en mars 2024 grâce à une coalition populaire. Mais cette organisation institutionnelle, présentée comme une solution transitoire pendant l’inéligibilité de Sonko, semble aujourd’hui montrer ses limites.

Une fracture de plus en plus visible

Le retour sans faste du président, combiné au silence complet de la présidence sur l’absence de Sonko, alimente toutes les spéculations. Loin d’être une simple question de protocole ou d’agenda, cette situation pourrait indiquer un désalignement stratégique majeur entre les deux têtes de l’exécutif.

Plusieurs médias sénégalais et analystes politiques évoquent déjà des scénarios d’affrontement politique à moyen terme, voire une recomposition au sein même de la majorité présidentielle. Certains proches de Sonko, s’exprimant sous anonymat, affirment que le Premier ministre « ne se laissera pas marginaliser » dans la gestion des affaires de l’État.

Entre radicalité et diplomatie : deux visions du pouvoir

Ce qui semblait être une force – la complémentarité entre la radicalité politique de Sonko et la diplomatie feutrée de Faye – devient progressivement une ligne de fracture. Faye, formé à la rigueur administrative et au silence stratégique, semble vouloir imposer un style présidentiel sobre et discret. Sonko, lui, reste dans une logique de confrontation, de mobilisation populaire et d’activisme politique permanent.

Ce clivage idéologique et méthodologique pourrait bien précipiter une rupture plus frontale, si aucune clarification rapide n’est opérée.

Et maintenant ?

Aucune réaction officielle n’est encore venue infirmer ou confirmer les rumeurs d’un froid entre les deux leaders. Mais dans les cercles du pouvoir comme dans la rue, le doute s’installe. L’espoir d’un renouveau démocratique porté par ce duo commence à être sérieusement ébranlé.

La question qui brûle désormais toutes les lèvres est simple : jusqu’où tiendra le tandem Diomaye–Sonko ?

benin-news.com, l’information autrement.

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