Un jeune rescapé brise le silence sur une vaste escroquerie transnationale opérée depuis la ville de Ho , au Ghana plus précisément au quartier Sokodé lokoé . Déguisé en programme de migration vers l’Occident, ce réseau exploite des dizaines de jeunes, notamment venus du nord Togo, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et du Bénin (pour ne citer que ceux-là). Trompés par de fausses promesses de voyage, ils se retrouvent séquestrés, affamés et mentalement manipulés. Récit d’un enfer bien organisé, au nom d’une prétendue opportunité de vie meilleure.
Ce système, qu’il qualifie d’”arnaque du siècle”, est un vaste réseau structuré autour d’un faux programme d’émigration internationale promu sous le couvert de la compagnie TNT Express, dont le nom est visiblement usurpé pour crédibiliser la supercherie. Le piège : une promesse de voyage rapide vers le Canada, les États-Unis ou la Malaisie, moyennant l’envoi de documents personnels (carte d’identité, Nationalité passeport, diplôme…) et un paiement initial de 3,5 millions de FCFA, parfois fractionné.
Une fois la première somme versée, les victimes sont invitées à rallier le Ghana, où elles sont accueillies dans les alentours de la station de Ho par des membres du réseau. Détournées vers des hôtels puis des maisons insalubres, elles y subissent une forme d’endoctrinement intensif déguisé en formation. Les recrues sont conditionnées psychologiquement par des discours pseudo-motivationnels, mêlant récits de grands entrepreneurs (Elon Musk, Jack Ma, Aliko Dangote, Thomas Edison ) et privations extrêmes.
“Ils nous disaient que pour réussir, on ne devait pas manger de poisson ni vivre dans le confort. On vivait dans des conditions pires qu’en prison”, témoigne la victime.
Les escrocs vont jusqu’à affamer les victimes, les forçant à manger de la nourriture avariée, “pire que de la merde“, selon les propos du témoin, tout en maintenant un climat de terreur et de surveillance constante.
Un système pyramidal sous contrainte
Le modèle repose sur un système pyramidal déguisé : chaque victime est incitée à recruter à son tour deux proches pour espérer “activer son voyage”. Cette démarche est manipulée à travers des faux profils se faisant passer pour des migrants installés au Canada, aux États-Unis ou en Malaisie, utilisant des images de bureaux ou de paysages hivernaux. Ceux qui réussissent à convaincre d’autres personnes à investir sont “récompensés” par des promesses de gains hebdomadaires allant jusqu’à 225 dollars, mais aucun départ n’a jamais lieu.
“Certains sont là depuis plus de deux mois. Ils ont tous payé. Personne n’a jamais quitté”, confie le témoin.
Une dénonciation courageuse
Après avoir vécu plus de deux mois et demi d’humiliations, de manipulations et de traumatismes, la victime a réussi à s’échapper en menaçant les organisateurs de porter plainte auprès de la police locale de Ho. Il affirme avoir perdu 2 millions de FCFA en cash, sans compter les frais additionnels et les pertes psychologiques.
Il évoque plusieurs figures clés de cette arnaque, identifiées par des pseudonymes utilisés au sein du groupe, tels que « LD Pauline » (décrite comme une figure charismatique et manipulatrice), « LD Kekeli » (présentée comme une coach), ou encore des alias comme « Majesté », « LD Roderick », « LD Alice » et « LD George ». Ces appellations, inspirées parfois de personnages fictifs ou de figures d’autorité, renforcent selon lui l’aspect quasi-sectaire du réseau.
“Ce sont des professionnels de la manipulation. Ils te confisquent ton passeport, ton argent, ton téléphone. Tu n’as plus aucun pouvoir sur ta vie.”, fait savoir la victime
Un appel à l’aide et à la vigilance
Dans sa déclaration, l’homme exhorte les familles, les autorités locales, la police internationale (Interpol), et les ONG de défense des droits humains à intervenir rapidement pour libérer les dizaines de jeunes encore piégés dans ces maisons de fortune à Ho, Lokoé et Sokodé.
Il met en garde tous ceux qui reçoivent des messages suspects, notamment provenant de connaissances affirmant être installées au Canada via TNT Express, et recommande de signaler immédiatement aux autorités ou d’informer la famille de l’expéditeur.
“Si vous recevez ce genre de message, sachez que votre frère ou sœur est peut-être déjà pris au piège. Ne l’ignorez pas.”
Cette dénonciation met en lumière une réalité douloureuse et souvent ignorée : l’exploitation de la misère et du rêve d’un avenir meilleur par des réseaux organisés, bien souvent au nez et à la barbe des autorités. Le témoignage courageux de ce jeune homme doit alerter et inciter à une action collective et urgente pour mettre fin à cette arnaque du siècle.
A.A.T