Université d’Abomey-Calavi : le projet “Au Tribunal du Campus” officiellement lancé pour éduquer à la citoyenneté et au droit
(Un tribunal fictif pour un éveil réel)
L’Université d’Abomey-Calavi a accueilli le samedi 17 mai 2025 une initiative inédite et ambitieuse : le lancement du projet « Au Tribunal du Campus », une simulation de procès éducative portée par l’Association Jeunes, Acteurs de Développement (JAD). Parrainé par le procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), Mario Metonou, le projet entend sensibiliser la jeunesse universitaire à la culture juridique, à la citoyenneté active et aux valeurs de justice.
« Nul n’est censé ignorer la loi, mais qui la connaît véritablement ? » Telle est la question fondamentale à laquelle ce projet souhaite apporter des éléments de réponse. Conçu comme une expérience immersive, éducative et citoyenne, « Au Tribunal du Campus » recrée, grandeur nature, des procès sur des faits inspirés du vécu universitaire (violences, harcèlement, abus d’autorité…), avec des rôles joués par les étudiants eux-mêmes (juges, avocats, accusés, témoins…), encadrés par des professionnels du droit et du théâtre.
Pour Isaac HOUETCHENOU, président de l’Association JAD, ce projet est né d’un constat amer : « Plusieurs fois, nous avons eu affaire à la justice pour des actes que nous pensions anodins, mais qui en réalité étaient répréhensibles. Cela montre qu’il y a un vide criard dans la connaissance des textes. » Il déplore le manque d’enseignement du droit dans le système éducatif général, en dehors des facultés spécialisées. D’où le projet « Au Tribunal du Campus » est pensé comme une réponse éducative pour armer les jeunes face aux défis juridiques quotidiens.
Une mise en scène réaliste, une sensibilisation ciblée
La coordinatrice du projet, Nice DADJO, insiste sur l’approche immersive : « L’idée est de créer un tribunal fictif où les étudiants jouent le rôle de juges, avocats, greffiers… pour les plonger dans l’univers judiciaire. » Le harcèlement sexuel a été choisi cette année en raison de son actualité brûlante dans les universités, notamment depuis l’adoption d’une loi interdisant les relations amoureuses entre enseignants et étudiantes.
Pour elle, cette simulation vise à « puiser l’ignorance de la loi » en exposant les procédures juridiques : de la plainte au jugement. « On entend souvent parler des lois, mais très peu savent comment agir concrètement en cas de danger ou de litige », a-t-elle rappelé. Nice DADJO annonce déjà que les prochaines éditions aborderont d’autres sujets comme la corruption ou la cybercriminalité.
Un spectacle éducatif : apprendre en s’amusant
Pour José Pascal AGBO, chargé de la communication du projet, cette démarche allie pédagogie et divertissement. « Nous voulons faire passer la connaissance juridique à travers un théâtre éducatif. C’est une manière accessible d’apprendre les réactions légales à adopter dans différentes situations. » Le projet est donc aussi une activité culturelle, mêlant art, droit et engagement citoyen.
Prévu pour le 30 mai 2025, l’évènement qui consistera à simuler un procès pour sensibiliser aura lieu à l’Université d’Abomey-Calavi, mais vise une portée bien au-delà. Loin d’être réservé aux seuls juristes, le projet s’adresse à tous les étudiants, aux enseignants, au personnel administratif, aux ONG, et aux institutions. Au-delà de sa portée académique, « Au Tribunal du Campus » se veut une plateforme inclusive. « Ce n’est pas un projet uniquement pour les étudiants en droit », précise Isaac HOUETCHENOU. « C’est pour tous ceux qui se sentent parfois démunis face aux règles du système judiciaire. », à l’en croire. Il invite les jeunes à s’intéresser au fond du projet, à participer aux castings pour incarner des rôles-clés, ou simplement à assister aux audiences simulées pour apprendre.
Objectifs multiples, impacts durables
Le projet poursuit des objectifs clairs : promouvoir une meilleure compréhension du droit et des responsabilités individuelles ; stimuler l’engagement citoyen et la culture démocratique sur les campus ; offrir une formation pratique à la prise de parole, à l’argumentation, à l’oralité ; contribuer aux Objectifs de Développement Durable, notamment l’ODD 16 (paix, justice et institutions efficaces).
Ce projet, en somme, ne se limite pas à une simple activité universitaire. Il constitue une démarche citoyenne audacieuse pour une génération qui souhaite désormais comprendre ses droits, ses devoirs et les limites de ses libertés.
Abbas TITILOLA