Les violences basées sur le genre : un fléau aux conséquences dévastatrices

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Les violences basées sur le genre (VBG) continuent de toucher de manière dramatique la vie de nombreuses femmes et filles au Bénin. Ces violences, qu’elles soient physiques, sexuelles, économiques ou psychologiques, ont des conséquences profondes et durables pour les victimes. Elles ont un impact direct sur leur bien-être, leur santé, leur développement social et économique, et renforcent les inégalités de genre dans le pays.

Les VBG ne laissent pas seulement des traces physiques sur les victimes, mais affectent gravement leur santé mentale. Une étude menée par le Ministère des Affaires Sociales et de la Microfinance (MASM) en 2022 a révélé que 70% des femmes victimes de violences conjugales souffrent de troubles anxieux et dépressifs. Ces troubles ne se limitent pas à des périodes post-traumatiques immédiates, mais s’inscrivent souvent dans le long terme, affectant la qualité de vie des victimes sur plusieurs années.

Pour beaucoup de femmes, la peur constante d’une nouvelle agression, le sentiment de honte ou de culpabilité, et la stigmatisation sociale sont des poids énormes à porter. Comme le raconte Maman Sabi, une victime de violences physiques et psychologiques : « Après des années de violence, j’ai perdu toute confiance en moi. Chaque jour, j’ai peur de sortir de chez moi, et les gens me jugent. Même mes enfants sont affectés. »

Les conséquences sociales et familiales

Les VBG ont également des répercussions sociales considérables. Les victimes sont souvent rejetées par leurs familles, leurs amis ou leur communauté, exacerbant ainsi leur isolement et leur vulnérabilité. Le cas de Isabelle, une femme de 38 ans, victime de violences sexuelles répétées par son mari, illustre cette réalité : « Après ce que j’ai vécu, ma famille ne me parle plus. Ils me disent que j’ai honte d’eux. Je me sens seule. »

Les enfants des victimes, eux aussi, souffrent de ces violences, que ce soit en tant que témoins de scènes violentes ou en raison de l’absence de figure maternelle stable. Une étude menée par l’INSAE en 2021 a révélé que 13% des abandons scolaires chez les filles étaient liés à des violences familiales et sexuelles. Cela témoigne de l’impact des violences sur l’éducation des filles et leur avenir.

Des effets sanitaires dévastateurs

Les violences sexuelles, en particulier, ont des conséquences physiques graves. En plus des blessures immédiates, elles exposent les victimes à des risques accrus de maladies sexuellement transmissibles, y compris le VIH, et à des complications de santé reproductive. Les grossesses non désirées, souvent liées à des violences sexuelles, sont également une conséquence fréquente. Selon les études, 41% des grossesses précoces dans les écoles étaient le résultat de violences sexuelles. Cela entraîne un abandon scolaire massif, un désengagement du système éducatif et une condamnation à une vie d’inégalité pour ces jeunes filles.

L’impact sur la santé physique et reproductive est également renforcé par l’absence de soins appropriés. De nombreuses victimes n’ont pas accès à des soins médicaux en raison du manque de ressources ou de la peur de stigmatisation, ce qui aggrave leurs souffrances.

Les conséquences économiques : un cercle vicieux de pauvreté

Sur le plan économique, les violences basées sur le genre piègent souvent les victimes dans un cercle vicieux de pauvreté. L’incapacité de travailler ou d’obtenir des revenus en raison des blessures, du stress post-traumatique ou de la stigmatisation empêche les victimes de subvenir à leurs besoins et ceux de leurs enfants. Les violences économiques, où les femmes sont privées de ressources financières par leurs conjoints ou partenaires, exacerbent cette dépendance et cette précarité.

Les conséquences des VBG ne sont pas qu’un fardeau pour les victimes, mais affectent également l’ensemble de la société béninoise. Cependant, des actions sont mises en place pour atténuer ces conséquences. Le gouvernement béninois, par le biais de plusieurs institutions, travaille à renforcer les dispositifs de prise en charge des victimes. Le Centre de Prise en Charge Intégrée des Survivant.e.s de VBG (CIPEC) offre des services de soutien psychologique, médical et juridique aux victimes. L’Institut National de la Femme (INF) et d’autres organisations travaillent à promouvoir l’autonomisation des femmes et à sensibiliser la population aux droits des femmes et à la violence basée sur le genre.

Le défi reste immense, car il ne suffit pas d’accompagner les victimes, mais il faut également changer les mentalités et les normes sociales qui favorisent la violence. Des efforts soutenus sont nécessaires pour éradiquer ce phénomène et permettre à chaque femme et chaque fille de vivre dans un environnement sûr, où elle peut s’épanouir et participer pleinement au développement de la société.

Les conséquences des violences basées sur le genre sont multiples et profondément dévastatrices. Elles touchent les victimes à différents niveaux, affectant leur santé, leur éducation, leur situation socio-économique et leur place dans la société. Bien que des progrès aient été réalisés dans la prise en charge des victimes, il reste encore beaucoup à faire pour briser ce cycle de violence. Il est impératif de renforcer les actions de prévention, de faciliter l’accès à la justice et de garantir une prise en charge adéquate pour les victimes. Le Bénin ne pourra surmonter ce fléau que par une mobilisation collective de tous les acteurs sociaux, politiques et communautaires.

Abbas TITILOLA

Avec la collaboration de CeRADIS ONG, membre de l’Alliance Droit et Santé

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