Azannaï à propos du discours de Talon sur l’état de la nation : « Il faudra interdire l’accès à l’enceinte de l’Hémicycle… »

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Dans une déclaration acerbe, Candide A.M. Azannaï, ancien ministre et président du Parti Restaurer l’Espoir, dénonce vigoureusement le discours du 20 décembre 2024 de Patrice Talon devant l’Assemblée nationale. Selon lui, ce discours s’apparente à une manipulation du langage et à une instrumentalisation perverse de la Constitution, notamment l’article 72, visant à légitimer une gouvernance autoritaire et à bafouer la démocratie béninoise. Azannaï souligne que la tribune parlementaire ne saurait être utilisée pour humilier l’opposition et pour substituer des visées personnelles aux acquis du Renouveau démocratique, appelant à un retour aux principes fondamentaux de l’État de droit et à une restauration de la liberté politique dans le pays. « Il faudra interdire définitivement l’accès à l’enceinte de l’hémicycle, lieu des débats parlementaires, c’est-à-dire des délibérations législatives de l’ensemble du Peuple à… », lire ci-dessous l’intégralité de sa déclaration 👇🏾

DÉCODAGE DE L’ANTI – MESSAGE DE PATRICE TALON SUR L’ETAT DE LA NATION 2024 : UN DISCOURS DE FRAYEUR ET DE FAUX – FUYANT D’UNE GOUVERNANCE DÉSASTREUSE AUX ABOIS.

PARTIE I :

NÉCESSITÉ DE RETOUR AU SENS STRICT DE L’ARTICLE 72 DE LA CONSTITUTION :

Le discours de Patrice TALON du 20 décembre 2024 à l’Assemblée Nationale est un sophisme de perversion du sens des mots.

D’une manière générale et sans que cela ne soit l’apanage spécifique de qui que ce soit, il est enseigné ceci.

La fraude sur les concepts témoigne de la corruption du discours, laquelle à son tour renseigne la débauche, la dépravation des mœurs de son auteur.

Le registre langagier de Patrice TALON dans l’enceinte de l’Assemblée Nationale objet de vos questionnements est abusif de l’article 72 de la Constitution. L’esprit de cette disposition constitutionnelle est tout sauf une substitution furibonde des desseins bellicistes d’un Président de la République au Renouveau démocratique, à l’État de droit et aux Acquis de la Conférence Nationale.

La tribune de l’Assemblée Nationale ne peut être détournée en un prétoire accusatoire pour sermonner et ridiculiser la libre expression, des courants politiques différents, des opinions divergentes ou contrariantes ou pour s’attaquer à l’image de la Nation.

La contradiction qui met Patrice TALON dans tous ses états et si affreusement le 20 décembre 2024 dans l’enceinte de l’Assemblée Nationale porte pourtant et depuis sur une quête légitime des droits fondamentaux, droits universels indivisibles, inaliénables, imprescriptibles et inviolables dont est épris dans son essence et dans son fondement, le Peuple béninois, seul Souverain.

À la veille de 2026, la quête politique de la Communauté Nationale est la libération de la démocratie, l’abandon de l’exclusion politique, la décrispation politique, la restauration d’une atmosphère politique apaisée et de réconciliation, le renouement avec les libertés, la quiétude du panier de la ménagère.

La tribune de l’Assemblée Nationale est absolument inappropriée et inconvenante à toute catilinaire de la partisanerie politique de Patrice TALON et de tout Président de la République contre cette quête dont nulle ne doit défier la légitimité.

Patrice TALON n’est pas le Souverain et il faudra qu’il s’exerce à « s’autodiscipliner » devant l’ensemble du Peuple réuni et surtout en des occasions solennelles.

L’avènement de l’Assemblée Nationale dois-je le lui rappeler, à lui, à ses sbires et autres nervis qui l’ignoreraient, est historiquement à l’origine de la démocratie.

Il n’y a pas de représentation suprême de l’ensemble du Peuple béninois réuni autre que l’Assemblée Nationale ; même si celle actuelle est effrénément d’une honteuse horizontalité.

Les rhétoriques condescendantes du pouvoir exécutif contre tout Parlement partout où elles sont applaudies et flattées par la courtisanerie aux ordres et tolérées par la complaisance d’une pseudo – opposition de compromission politique amorcent le recul, le déclin et l’abolition de la démocratie.

Il est donc inadmissible que l’Article 72 sus- évoqué soit si outrancièrement détourné à des fins de menaces et de règlement de compte politiques orientés.

Aucune motivation, aucun mobile ne pourraient justifier l’indécente posture que Patrice TALON y a affichée.

Il est impératif que le Peuple béninois tout entier, en puisant dans son génie patriotique, mette radicalement un terme à de telles prises de liberté avilissantes pour l’image de la Nation et objet de railleries déconsidérantes pour tout Béninois qui en a conscience.

Que faire ?

Il faudra interdire définitivement l’accès à l’enceinte de l’Hémicycle, lieu des débats parlementaires, lieu de légifération, c’est-à – dire des délibérations législatives de l’ensemble du Peuple, à Patrice TALON et à sa suite, à tout Président de la République.

Le but ce faisant, est de mettre une borne au pavanement obscène devant l’Assemblée Nationale en lieu et place d’un message sur l’état de la Nation.

L’Article 72 de la Constitution n’a jamais dit que le Président de la République s’adresse une fois l’an à l’Assemblée Nationale.

Quel est le libellé exact de cet article ?

Je nous invite tous à lire et à examiner l’Article 72 de la Constitution :

« Le Président de la République adresse une fois par an un message à l’Assemblée Nationale sur l’état de la Nation.

Il peut aussi, à tout moment, adresser des messages à l’Assemblée Nationale. Ces messages ne donnent lieu à aucun débat ; ils peuvent toutefois inspirer les travaux de l’Assemblée Nationale.»

Il existe une différence fondamentale, une dissimilitude sémantique nette et incontestable entre « adresser à » et « s’adresser à ».

De manière basique « adresser à » renvoie à envoyer, transmettre, faire parvenir…

Dans ce sens, la seule obligation est restrictive à la disposition constitutionnelle : « Le Président de la République adresse à l’Assemblée Nationale … ».

Un point, un trait.

Par contre « s’adresser à » en étant à la forme pronominale signifie en première acception, « se mettre devant, faire face, être devant, se présenter à, appeler » et plus curieusement « interpeler quelqu’un ».

Et ce sens ne s’impose pas à l’expression « adresse un message à… » bien inscrite, dans la mesure où l’alinéa 2 dudit article 72 spécifie que « Ces messages ne donnent lieu à aucun débat ; … ».

À contrario, le sens « interpeler » aurait nécessité une réaction, une réponse, une réplique, donc un débat.

Pourquoi ?

Parce qu’il est logique qu’une interpellation soit assouvie par une réaction dont l’expression au minima peut être une réponse et devrait ou pourrait occasionner un débat.

Beaucoup objecteront en évoquant une pratique vieille depuis 1990 !

Effectivement mais méprisamment, ignoramment.

Et quelle en est la cause ?

La longue imperceptibilité de cette faille a été nourrie par la courtoisie citoyenne et républicaine de notre glorieux passé de pays pionnier du renouveau démocratique de l’Afrique au Sud du Sahara grâce au sens élevé de l’État et de son protocole chevillés au corps d’un SOGLO Nicéphore, d’un KEREKOU Mathieu de surcroît authentique soldat de métier et Général de mérite et d’un YAYI Boni, qui tour à tour ont su tenir des postures solennelles dignes et respectueuses devant le Parlement de la Nation.

Par contre, le 20 décembre 2024, devant l’Assemblée Nationale, est illustratif d’un Président de la République venu se rengorger dans l’enceinte parlementaire en s’engouffrant abusivement dans cette faille pour y étaler une effronterie politique inédite à la quasi stupéfaction de tous.

Il y a urgence à agir à l’effet d’obstruer sans délai toute possibilité à toute rhétorique névro-narcissique de rééditer une telle dérive irrévérencieuse et indigne de la fonction de Président de la République.

Que l’Assemblée Nationale, la classe politique, la société civile et la Nation toute entière soient rabaissées au point de paraître une serpillière d’un Président de la République est une rosserie, un tour de cochon déplorable, un coup de crasse…

Le Peuple a l’historique obligation de puiser dans ses tréfonds constitutionnels pacifiques et non violents, le souffle patriotique conséquent afin de vite clore ce honteux épisode de notre épouvantable présent qui pétrifie toutes nos populations depuis avril 2016.

À suivre …

N.B : la Partie II suivra et est intitulée :

SOMMAIRES SUR LE COMMANDEMENT PERVERS NARCISSIQUE ET LA FRAUDE DU DISCOURS : Préalables pour comprendre un discours de frayeur et de faux – fuyant d’une gouvernance désastreuse.

À bientôt.

Candide A M AZANNAÏ,

Ancien Ministre,

Président du Parti Restaurer l’Espoir (RE)

Coordonnateur National de la Résistance Nationale (RN)

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