Près d’une décennie après avoir quitté la présidence, Boni Yayi se retrouve de nouveau au cœur des débats publics. Ce dimanche 10 août 2025, sur le plateau de l’émission Zone Franche de Canal 3 Bénin, Janvier Yahouédéou, ministre conseiller chargé des affaires économiques et du numérique auprès de Patrice Talon, a livré de sévères critiques sur la manière dont l’ancien chef d’État aurait géré les affaires du pays.
S’exprimant en sa qualité de coordonnateur du collège des ministres conseillers, Yahouédéou a expliqué vouloir briser l’image idéalisée que certains conservent du leader du parti Les Démocrates, en le présentant comme un meilleur dirigeant que l’actuel président. Pour étayer ses propos, il a évoqué plusieurs dossiers sensibles de l’ère Yayi.
Selon lui, un citoyen aurait détourné 14 milliards de francs CFA à la Sonapra, sans qu’aucune mesure judiciaire ferme ne soit prise. Pire, affirme-t-il, l’ancien président aurait ensuite mobilisé 4 milliards supplémentaires pour l’achat d’un « avion fantôme » qui n’aurait jamais été livré.
Le ministre conseiller a également dénoncé des dépenses qu’il juge extravagantes, comme l’acquisition de gants facturés à 90 000 FCFA et d’imperméables à 400 000 FCFA l’unité. Il a aussi critiqué l’utilisation récurrente de l’hélicoptère présidentiel pour des déplacements vers Kalalé, notamment pour offrir des compteurs électriques à la population, un geste symbolique mais, selon lui, économiquement incohérent puisque le coût du trajet aérien dépassait largement la valeur des équipements distribués. « Yayi Boni prenait l’hélicoptère pour aller à Kalalé, pour aller offrir des compteurs SBEE aux populations pour dire je suis bon pour faire le beau ». Or, « Même le coût du transport par hélicoptère de Cotonou à Kalalé, c’est encore plus chère que les compteurs remis », a-t-il déploré. Pour Janvier Yahouédéou, le parti d’opposition Les Démocrates ne devrait pas être dirigé par « quelqu’un qui a conduit le pays et l’a transformé en usine à scandales financiers ».
Le camp Yayi dénonce une « campagne de diffamation » et contre-attaque
La sortie de Yahouédéhou a aussitôt provoqué la réaction de Guy Mitokpè, secrétaire national à la communication des Démocrates. Dans un message publié ce lundi 11 août 2025 sur sa page Facebook, l’ancien député a fustigé ce qu’il qualifie de « diffamation » et de « calomnie » visant Boni Yayi.
Selon lui, loin de protéger ses proches, l’ex-chef de l’État avait toujours fait traduire devant la Haute Cour de justice les ministres reconnus coupables de malversations. « Cette rigueur est à mille lieues des pratiques actuelles, où l’on préfère couvrir ses alliés politiques au détriment de l’intérêt général », a-t-il insisté. Il cite en exemple le « scandale du siphonnage » révélé par l’expert Akponna, qui, d’après lui, reste un symbole des dérives du régime en place.
Poursuivant son propos, Guy Mitokpè s’interroge sur « la mission » que s’assigne Janvier Yahouédéou : « À son âge, s’engager dans une mission aussi ignoble est symptomatique d’un dysfonctionnement profond, tant dans sa formation personnelle que dans la gouvernance de la soi-disant “rupture” ». Et de lancer : « Quelle éducation transmet-il à ses enfants ? Quelle crédibilité a-t-il à porter sur la gestion publique ? ».
En conclusion, le porte-parole du principal parti d’opposition invite le ministre conseiller à délaisser son « obsession maladive » contre Boni Yayi, pour plutôt formuler des propositions constructives. « La vraie politique ne consiste pas à détruire ceux qui ont bâti avant, mais à bâtir à son tour. Si certains ne sont pas capables de cette grandeur, alors ils doivent laisser les bâtisseurs travailler en paix », a-t-il martelé.
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