Spécial interview avec Cynthia Hégron : « les Femmes Bâtisseuses du Bénin, pour inspirer et accompagner les jeunes filles vers leur avenir »

Depuis juin 2025, un projet ambitieux sillonne plusieurs villes du Bénin : « Femmes Bâtisseuses du Bénin ». Imaginé et porté par la journaliste reporter d’images et réalisatrice Cynthia Hégron, ce projet vise à offrir à 150 jeunes filles âgées de 13 à 20 ans un espace pour rêver, se découvrir et bâtir un véritable plan de carrière. À travers des projections-débats et un accompagnement sur plusieurs mois, il s’agit d’aider ces adolescentes à trouver leur voie et à oser prendre leur place dans la société. Dans cette interview exclusive accordée à Bénin News, Cynthia Hégron nous parle de cette initiative, de ses ambitions et des premiers impacts constatés.

Étape Cotonou : Ciné-débat autour du documentaire “Femmes Bâtisseuses du Bénin”

Benin-news : Veuillez vous présenter.

Je suis Cynthia Hégron, journaliste reporter d’images et réalisatrice de documentaires.

Parlez-nous brièvement de la tournée « Femmes Bâtisseuses du Bénin ». Quel est l’objectif principal de cette initiative et à qui s’adresse-t-elle exactement ?

La tournée « Femmes Bâtisseuses du Bénin » est un projet qui vise à accompagner 150 jeunes filles âgées de 13 à 20 ans à rêver leur avenir à travers un ciné-débat autour du documentaire que j’ai produit « Femmes Bâtisseuses du Bénin », suivi de séances de coaching bimensuelles pendant cinq mois, de juillet à novembre. Ce projet est soutenu par l’Ambassade de France.

Selon nos informations, le projet prévoit un accompagnement sur cinq mois après la projection du documentaire. Pouvez-vous expliquer concrètement en quoi consiste cette formation et quelles compétences les jeunes filles développent ?

Lors des séances d’accompagnement, les jeunes filles seront suivies par une coach qui les aidera à identifier ce qu’elles souhaitent faire, à définir leur plan de carrière et à le mettre en œuvre. Un travail sera également mené sur l’estime de soi et la place essentielle qu’elles occupent dans la société.

Comment avez-vous choisi les localités concernées par le projet et sur quels critères ont été sélectionnées les jeunes filles participantes ?

Pour choisir les villes, nous avons décidé d’en retenir une au nord, une au centre, et trois au sud de l’ouest à l’est en passant par le centre. Les filles ont été sélectionnées avec l’appui des Guichets Uniques de Protection Sociale. Elles ont entre 13 et 20 ans, et sont élèves ou apprenties.

Quelles sont les structures qui accompagnent ou pourraient accompagner cette tournée ?

L’Ambassade de France est le principal soutien du projet. L’Institut Français nous a accompagnés pour les projections à Parakou et Cotonou.

Étape Ouidah : Ciné-débat autour du documentaire “Femmes Bâtisseuses du Bénin”

Lors des ciné-débats, vous avez eu des échanges avec les participantes. Quelles ont été les principales préoccupations ou rêves exprimés par ces jeunes filles ?

Dans chaque ville, j’ai rencontré des jeunes filles aux profils très variés. Certaines n’avaient pas encore de rêve, ne savaient pas ce qu’elles voulaient. D’autres ont été inspirées par les femmes bâtisseuses du documentaire comme le métier d’avocate de Marie-Élise Gbédo, celui d’éboueuse exercé par Rolande Meya à la SGDS, ou encore la pâtissière Christel Amoussou. Et puis, certaines savaient déjà ce qu’elles voulaient devenir : agronome, électricienne, styliste, ingénieure en génie civil, coiffeuse…

Comment comptez-vous aider les filles à construire un plan de carrière concret à partir de leurs idées parfois floues ?

Dix séances de coaching seront proposées sur cinq mois. La coach suivra un processus d’accompagnement que j’ai rédigé et qu’elle viendra enrichir de ses connaissances du terrain. Tout commence par une étape essentielle : découvrir ce qui nous fait rêver. Une fois ce rêve identifié, des objectifs concrets seront définis. Par exemple : « Je veux devenir avocate. » D’accord. Quelles compétences dois-je acquérir ? Où puis-je étudier ? Si je n’ai pas les moyens, comment obtenir une bourse ou économiser pour financer mes études ? Un volet important portera aussi sur la confiance en soi et la connaissance de son potentiel.

Étape Parakou : ciné-débat autour du documentaire “Femmes Bâtisseuses du Bénin”

À ce stade de la tournée, après Parakou et Bohicon notamment, quels premiers résultats ou impacts positifs avez-vous constatés ?

J’ai vu des jeunes filles découvrir un rêve grâce au documentaire, se sentir motivées et réaliser qu’elles ont, elles aussi, leur place dans la construction de leur pays.

Quelles solutions ou outils concrets proposez-vous aux jeunes filles face à leurs difficultés dans le cadre du projet ?

L’outil concret de ce programme, c’est le plan de carrière. Si vous n’avez pas de plan ou si vous ne savez pas par où commencer, il ne se passera rien ou alors rien de vraiment concret.

Ce projet touche des jeunes filles issues de divers milieux socioculturels. Comment adaptez-vous votre approche pour tenir compte des réalités spécifiques de chaque participante ?

Pour s’adapter aux réalités de chaque jeune fille, nous avons sélectionné des coachs issus de centres sociaux, qui connaissent bien le terrain et sauront ajuster l’accompagnement aux problématiques spécifiques que rencontrent ces adolescentes.

La réalisatrice Cynthia Hégron à Ouidah

Votre mot de fin.

Je souhaite profondément que chacun prenne conscience du potentiel des jeunes filles et des femmes. Malheureusement, on ne leur donne pas toujours l’espace ou la possibilité de rêver à des métiers. Beaucoup se retrouvent à faire de la couture ou de la coiffure simplement parce que leurs parents leur ont dit de le faire. Chaque fille mérite de rêver à un avenir qui lui plaît. Il n’y a pas de métier réservé aux hommes, il y a des métiers à apprendre, et surtout une voie d’épanouissement à trouver. Nous méritons toutes d’avoir notre place et d’être respectées à notre juste valeur. C’est pour cela que cette tournée me tient autant à cœur : je veux voir ces jeunes filles s’épanouir et, à leur tour, devenir comme tant d’autres femmes béninoises : des Femmes Bâtisseuses du Bénin.

Étape Porto-Novo : Fin du ciné-débat

La Rédaction