Quand la faim déshabille la dignité : drames silencieux dans les ménages au Bénin

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Vendredi 3 mai à Ouèdo : un homme dépouillé de tout, même de sa dignité

La scène a choqué plus d’un à Ouèdo, dans les logements sociaux dits “de Yayi”. Ce vendredi 3 mai 2025, un homme d’une quarantaine d’années, père de famille, a été publiquement humilié. Dévêtu par des passants en colère, il a dû marcher nu jusqu’au commissariat sur l’axe Ouèdo-Hèvié, sous les regards mêlés d’indignation, de pitié et de silence gêné.
Son crime ? Avoir tenté de voler des dents usées d’un moulin à maïs dans l’intention, selon ses propres mots, de “les revendre pour acheter à manger à ses enfants qui n’ont rien avalé depuis 24 heures”.

Au moment des faits, le meunier dormait à l’intérieur. C’est une voisine qui, alertée par des mouvements suspects, a crié, réveillant le meunier. La suite a dégénéré. La foule s’en est prise à l’homme, le dépouillant, sans attendre l’intervention des forces de l’ordre.
Ce drame n’est pas un fait isolé. Il est le miroir poignant d’une société en détresse silencieuse.

Chères autorités , les foyers s’effondrent sous le poids de la misère

Chères autorités, ce qui s’est passé à Ouedo est plus qu’un fait divers. C’est un signal d’alarme. La misère gagne du terrain, rongeant le moral des pères, détruisant la résilience des mères. Les cas de suicides se multiplient. À Houèdo, une femme s’est donnée la mort hier mercredi 7 mai 2025, accablée par des dettes. Il y a deux semaines, une autre s’est jetée dans un puits. Combien d’autres drames ne sont jamais rapportés ? Combien de femmes, combien d’hommes, pleurent en silence dans leur chambre, le ventre vide, le cœur brisé ?
Il est urgent de réagir. Il ne s’agit pas seulement d’initiatives économiques ou de microcrédit, mais aussi d’un appui psychologique, moral, communautaire. Un plan d’urgence sociale devrait être mis en place, à travers :

des cellules de soutien psychologique dans les centres de santé communautaires,

des relais communautaires formés pour détecter les signaux d’alerte dans les familles,

une campagne nationale de sensibilisation sur la dépression et la prévention du suicide,

le renforcement de l’aide sociale de proximité pour les ménages en grande vulnérabilité.

Tous ensemble pour prévenir l’irréparable

Il est également nécessaire de sensibiliser les populations. Oui, les temps sont durs. Mais aucune détresse ne mérite une humiliation publique. Aucune erreur ne justifie qu’on déshabille un père de famille devant sa communauté. Nous devons réapprendre la solidarité, tendre la main avant de pointer du doigt, écouter avant de juger.

À ceux qui souffrent en silence : parlez, cherchez de l’aide. Votre vie a de la valeur. Des structures existent, des personnes sont prêtes à écouter, à accompagner, à soutenir.

À la société tout entière : bâtissons des ponts de compassion, refusons la banalisation de la pauvreté. Car si la faim tue, l’indifférence achève.

Abbas TITILOLA

Benin-news.com, l’information autrement.

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