“Quand son équipe perd, il devient fou… et nous, on vit l’enfer.“
Je n’ai jamais mis les pieds dans un stade. Je ne connais pas la différence entre un hors-jeu et une touche. Franchement, si tu me dis “VAR”, je te demande si c’est une marque de savon ou un mot en chinois.
Mais dans ma maison, le football est devenu une malédiction…
Et le pire démon de cette religion, c’est ce qu’on appelle “paris foot”.
Mon mari, lui, c’est un vrai fidèle. Pas du genre à prier discrètement non. Lui, il adore le Real Madrid. À ce niveau, ce n’est plus de la passion, c’est une secte. Je suis sûre que s’il avait la possibilité de donner son rein à Karim Benzema, il le ferait sans réfléchir. Et quand je dis qu’il est fan, c’est pas juste un t-shirt et un petit “Hala Madrid” lancé au hasard. Non ! C’est un engagement émotionnel, spirituel, financier… et surtout destructeur.
À la maison, tout tourne autour du Real. Quand ils gagnent, monsieur est un ange : il rentre avec des sucreries pour les enfants, fait des blagues, met la musique comme s’il fêtait une victoire électorale. Une vraie ambiance de bar espagnol !
Mais quand ils perdent… Seigneur !
Ce n’est plus un homme, c’est un volcan qui cherche des têtes à exploser.
La dernière fois, ils ont perdu contre une équipe dont je n’ai même pas retenu le nom. Moi, j’avais préparé son plat préféré, j’étais là toute joyeuse avec ma marmite bien chaude. Il est entré, a regardé la table, puis a crié :
“Tu as préparé ça pour me narguer ?!”
Hein ?! Narguer comment ?! Je ne savais même pas qu’il y avait match ce soir-là ! Il a soulevé la marmite comme un arbitre lève le carton rouge. J’ai cru que c’était la fin.
Et ne parlons pas des paris. Ces fameux coupons… Ce sont eux, les vrais maîtres de cette maison. Quand il joue et qu’il perd, c’est le jeûne forcé. Et pas juste pour lui, hein. Pour tout le monde.
Une fois, il a misé sur “plus de 2,5 buts”, je ne sais même pas ce que ça veut dire. Moi, j’ai cru que c’était une formule mathématique. Quand il a perdu, il a crié :
“Ce match, c’était arrangé ! Ce n’est pas possible ! Ils m’ont volé !”
Mais ce n’est pas ton salaire qu’on t’a volé, chéri, c’est toi qui es allé le donner gentiment à la société de paris !
Et les enfants ? Parlons-en. Le petit a éternué un soir de défaite, il a pris une gifle. Le grand a demandé de l’argent pour acheter un cahier, on lui a dit d’aller demander à Vinicius Jr. Moi, j’ai appris à deviner l’humeur de mon mari juste en voyant son regard entrer dans la cour. Si ses yeux brillent, on mange. S’ils sont sombres, on jeûne, on prie et on se cache.
Ce n’est pas que je vis avec un fou. Non. C’est juste que le football a pris mon mari en otage. Et nous, on est les otages des otages.
J’ai voulu en parler avec lui. Une fois. Une seule.
Je lui ai dit calmement :
“Et si tu arrêtais un peu les paris, mon cœur ?”
Il m’a regardée comme si je venais d’insulter sa mère, sa grand-mère et toute la famille Zidane. Il m’a dit :
“Tu peux parler du riz ou du ménage. Mais du Real, tu ne dis rien. Jamais.”
J’ai tout essayé. Les larmes. Le silence. Les câlins. Même la Bible. Rien ne passe. Tant que le Real joue, moi je suis juste une spectatrice de mon propre malheur.
Je ne sais pas où tout ça va nous mener. Je ne sais même plus comment l’aimer. Mais une chose est sûre : si le Real continue de perdre, je vais devoir choisir entre mon mariage… et ma santé mentale.
Alors je vous écris. Oui, vous qui lisez.
Je vous demande conseil.
Qu’est-ce que je fais ? Je l’aime, mais je ne me reconnais plus dans ce mariage. Ce n’est plus un foyer, c’est un vestiaire après une défaite. Est-ce qu’on peut vraiment se battre contre une passion devenue poison ? Comment l’aider à oublier son obsession pour le Real et les paris foot ? À redevenir ce mari et ce père qui nous faisait rire et non trembler ?
Je n’en peux plus. J’ai besoin de vos avis avant que cette situation ne dégénère.