« En 2019, nous avons fait des élections wahala » : Houngbédji plaide pour une relecture du code électoral
La deuxième journée du Sommet de la Jeunesse Béninoise a été marquée par la présence de Me Adrien Houngbédji, figure historique de la vie politique nationale. Devant un public jeune, attentif et engagé, l’ancien président de l’Assemblée nationale a livré une intervention dense, traversée par l’expérience, l’inquiétude, mais aussi l’espoir.
Invité à réfléchir autour du thème : « L’histoire politique du Bénin, 35 ans après la conférence des forces vives de la nation : quel regard de 1990 à ce jour ? », il a opté pour une approche lucide, en évitant les détours du récit nostalgique. Il a invité la jeunesse à poser un regard critique sur le chemin parcouru, afin de mieux construire celui qui reste à tracer.
Sans ambiguïté, Me Houngbédji a soulevé des inquiétudes sur la trajectoire actuelle de la démocratie béninoise. Il a déploré un contexte institutionnel marqué, selon lui, par des verrouillages législatifs visant à restreindre la participation politique. Il a pointé du doigt le code électoral en vigueur, qu’il considère comme un instrument d’exclusion soigneusement élaboré pour marginaliser l’opposition.
« La démocratie, ce n’est pas éliminer ses adversaires en changeant les règles du jeu », a-t-il martelé, ajoutant qu’elle consiste à garantir l’accès équitable de toutes les forces politiques à la compétition électorale.
Citant les élections législatives de 2019 comme un épisode douloureux, il a évoqué le besoin impérieux de réformes :
« En 2019, nous avons fait des élections wahala. Prônons des mesures applicables à tout le monde pour éviter des crises. Il faut forcément que l’opposition aille aux élections. Il n’y a pas de démocratie sans opposition. »
Dans la même veine, il a exhorté les autorités à procéder à la libération sans condition des prisonniers politiques, et à garantir le retour des exilés dans un climat de sécurité et de respect. À ses yeux, le maintien de ces situations d’exclusion porte atteinte à la cohésion sociale et alimente un climat de peur, incompatible avec la paix durable.
Faisant un bref retour sur sa carrière parlementaire, il a rappelé avoir collaboré, dans le passé, avec plusieurs présidents de la République dans un esprit de consensus :
« J’ai présidé l’Assemblée nationale sous plusieurs présidents de la République, et nous avons toujours trouvé les voies du consensus et du respect mutuel. Mais depuis 2016, les choses ont pris une autre tournure… je n’en dirai pas davantage. »
Son discours s’est achevé sur une adresse directe à la jeunesse béninoise. Loin d’un simple message d’encouragement, il s’agissait d’un appel à la lucidité et à la responsabilité :
« On ne peut pas construire le Bénin que nous voulons sans comprendre le Bénin que nous avons hérité. »
En somme, Me Houngbédji a transmis aux jeunes générations le flambeau de la vigilance démocratique, tout en les invitant à s’approprier les leçons du passé pour mieux orienter l’avenir.