Joseph Djogbénou revient sur l’expression “la ruse et la rage” : « ce n’est pas ma nature, ni mon caractère, ni mon éducation »
L’expression “la ruse et la rage”, utilisée en 2017 par l’ancien ministre de la Justice Joseph Djogbénou, continue de susciter débats et commentaires dans l’arène politique béninoise. Ce jeudi 10 avril 2025, au détour d’une conférence organisée à Cotonou par l’Institut Africain pour la Justice et la Paix (IAJP) sur le thème « L’impératif de la bonne gouvernance pour relever les défis actuels », le président du parti Union Progressiste le Renouveau a tenu à clarifier le sens et le contexte de cette déclaration devenue célèbre.
Neuf ans après l’avoir prononcée, Joseph Djogbénou a estimé nécessaire de s’expliquer :
« Ce n’est pas ma nature, ni mon caractère, ni mon éducation », a-t-il affirmé, d’après les propos rapportés par Bénin Aujourd’hui.
« Je voudrais quelque peu non pas avec pour volonté de convaincre mais d’expliquer parce qu’au-delà de tout nous sommes des êtres humains et qu’il nous arrive comme il arrive à chacun d’avoir à s’exprimer sur le fondement de ce qui est lié à sa propre conviction ou à ses sentiments. Le contexte, c’est 2017… Nous avons conduit sous l’éclairage et la direction du président de la République, une refonte de notre Constitution avec une naïveté, je vais dire, une sincérité absolue », a-t-il indiqué.
Selon Joseph Djogbénou, ce projet de réforme prévoyait un véritable changement dans le fonctionnement des institutions républicaines :
« Si ce projet avait abouti, toutes les institutions de la République, notamment la Cour constitutionnelle, les membres auraient été élus, les enseignants auraient désigné par élection leurs membres, les magistrats désignés également par leurs membres par élection. La Cour suprême aurait eu son président élu par les pairs. »
Il précise également que cette réforme aurait mis fin à la présence du ministre de la Justice au sein du Conseil supérieur de la Magistrature, de même que celle du président de la République :
« Cette réforme avec ce contenu, nous l’avons soutenue à l’Assemblée nationale. Trois voix ont empêché son adoption. Trois voix que l’humain que je suis a considérées comme des voix ayant condamné l’adoption du projet par la ruse que comme des voix ayant condamné l’adoption du projet par la rage. Nous avions compris que nous n’avions pas été habiles, que nous n’étions pas dans la politique politicienne, que nous n’avions acheté personne, que nous n’avions rien fait d’éthiquement contrevenant et ce projet avait échoué de trois voix… Je suis un humain. La politique, c’est une foi, c’est une conviction. Le président de la République a cru en cette réforme. Le constat ayant été fait, et vous savez, certains ici ont eu les échos », a-t-il poursuivi.
Visiblement marqué par cet échec, l’ancien ministre s’est laissé aller à une déclaration qui, selon lui, traduisait une déception profonde et un désenchantement sincère :
« Nous avons dit si c’est comme ça la politique, si c’est par la ruse qu’on le fait, désormais on va le procéder ainsi. Si c’est par la rage désormais on va procéder ainsi. Que aujourd’hui que celles ou ceux qui procèdent ainsi disent que la ruse et la rage attribuent, ce n’est pas ma nature, ni mon caractère, ni mon éducation », a conclu Joseph Djogbénou.
Des propos forts qui tentent de rétablir la vérité sur une formule qui, bien que prononcée dans un moment d’émotion, a traversé les années et cristallisé les débats politiques.