Procès Dangnivo : le vol de moto de 2010 impliquant Alofa refait surface et sème le doute sur la chronologie des faits
Le procès de l’affaire Dangnivo, lié à la disparition et au meurtre présumé du syndicaliste Pierre Urbain Dangnivo en 2010, s’est poursuivi ce jeudi 10 avril 2025 devant le tribunal de Cotonou. C’est la septième journée d’audience depuis la reprise du dossier le mardi 11 mars dernier. Selon Libre Express, cette journée était notamment consacrée à l’audition de dame Yvonne Nanlimin, victime d’un vol de moto en août 2010, une affaire qui semble croiser celle en cours à certains égards.
11h15 : Reprise de l’audience suspendue la veille
Le président du tribunal a rappelé dès la reprise que cette séance serait consacrée à l’audition de dame Yvonne Nanlimin, victime d’un vol survenu en août 2010. Selon les précédents éléments du dossier, c’est chez cette dame que l’accusé Alofa et un complice se seraient rendus pour voler une moto. L’opération aurait échoué, entraînant l’arrestation d’Alofa, pendant que son complice parvenait à s’échapper.
11h22 : Yvonne Nanlimin à la barre
Dame Yvonne Nanlimin est invitée à la barre. Le juge précise qu’elle ne vient pas témoigner sur les faits centraux du procès, mais uniquement sur les circonstances du vol dont elle fut victime il y a 15 ans. Après avoir prêté serment, elle choisit de faire sa déposition en fon, son dialecte natal. Visiblement émue, elle raconte les faits du lundi 9 août 2010 vers 21h.
Alors qu’elle revenait d’une étude et saluait des voisins à proximité de son domicile, elle a été brusquement surprise. Deux individus (Alofa et un Nigérian) l’auraient suivie en moto. Selon son récit, le complice d’Alofa lui a pointé une arme sur la tempe en disant : « Si tu cries, je tire ». Apeurée, elle s’est exécutée. Une fois la moto emportée, elle a commencé à crier. Des conducteurs de taxi-moto l’ont alors accompagnée à la poursuite des malfrats. Ils sont parvenus à rattraper Alofa, qu’ils ont livré à la police de Godomey.
12h50 : Confrontations et contradictions
À la suite de ce témoignage, les avocats de la défense ont marqué leur désaccord face à une tentative du procureur d’évoquer des incohérences relevées dans les procès-verbaux. Maître Zinflou a dénoncé la confusion entre deux faits distincts commis par deux personnes différentes dans un même procès-verbal : « Deux faits différents commis par deux personnes différentes ont été mélangés dans un même PV », a-t-il déclaré.
L’accusé Alofa, à son tour, prend la parole. Il reconnaît avoir volé la moto, mais précise que l’événement s’est déroulé le 16 août 2010. Il affirme ne pas reconnaître dame Nanlimin, tout en confirmant que son complice correspond bien à la description donnée par la victime : un jeune homme de teint clair. Il ajoute que la moto utilisée appartenait à son complice et qu’il n’était pas informé de la décision du juge lui ordonnant de rembourser 270.000 francs CFA à la victime.
De son côté, dame Nanlimin continue de réclamer sa moto ou le remboursement de sa valeur. Le ministère public l’invite à passer à son bureau à la fin de l’audience pour discuter de cette réclamation.
12h56 : Les précisions de l’accusé Alofa
Interrogé par Maître Zinflou, Alofa donne plus de détails sur son parcours post-arrestation. Il dit avoir été conduit d’abord à Godomey, puis à Kpondéhou, de nouveau à Godomey, avant d’être transféré au parquet le 30 août 2010. Il évoque un passage vers le camp Guézo pour une rencontre qui n’a finalement pas eu lieu. Selon lui, c’est ce même jour, après sa comparution devant le procureur, que son téléphone lui a été restitué avant d’être conduit en prison.
12h59 : Suspension et renvoi
L’audience est suspendue à nouveau à la demande du ministère public.
13h14 : Décision de renvoi
À la reprise, le président du tribunal annonce que, de concert avec les parties, il a été décidé de renvoyer l’audience au mardi 22 avril 2025. Ce délai permettra de vérifier les incohérences relevées au cours de la journée, d’auditionner d’autres témoins, et d’analyser certains documents. Ce n’est qu’après ces étapes que les membres de la famille de Pierre Urbain Dangnivo seront entendus.
L’affaire, vieille de 15 ans, continue donc de livrer ses vérités à petits pas, dans l’espoir qu’un jour justice soit faite.
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