Institut National de la Femme : un rempart institutionnel dans la lutte contre les VBG au Bénin

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Les violences basées sur le genre (VBG) constituent l’un des fléaux les plus dévastateurs de notre société, particulièrement au Bénin, où elles continuent d’affecter des milliers de femmes, d’enfants et de filles. Face à cette tragédie humaine, l’Institut National de la Femme (INF) se tient en première ligne, formant un pilier d’espoir pour les victimes. À travers une approche structurée, cette institution travaille sans relâche pour prévenir, accompagner et offrir un soutien vital aux survivantes. De la sensibilisation à la prise en charge des victimes, en passant par le plaidoyer et l’accompagnement juridique, l’action de l’INF est essentielle pour briser le cycle des violences et redonner espoir à celles et ceux qui ont souffert dans l’ombre.

Selon les données officielles issues du Système intégré des données relatives à la famille, la femme et l’enfant Nouvelle Génération (SidoFFE-NG), le Bénin a enregistré entre 2019 et 2022, 49 907 cas de VBG. Entre 2022 et octobre 2024, ce chiffre est passé à 55 982 cas, confirmant une progression alarmante du phénomène. En 2022 seulement, 45,9 % des femmes au Bénin déclaraient avoir subi au moins une forme de VBG, un taux encore plus élevé chez les jeunes filles de 15 à 19 ans. Les dernières statistiques montrent une augmentation considérable des cas traités par l’Institut National de la Femme : 298 dossiers en 2022 ; 1 117 dossiers en 2023 ; 1 797 dossiers déjà enregistrés au 25 novembre 2024. Ces données traduisent à la fois l’ampleur du phénomène et la montée en puissance des dispositifs d’écoute et de traitement.

L’INF, une voix institutionnelle pour les femmes

Créé en 2021, l’Institut National de la Femme (INF) est devenu un acteur majeur de la lutte contre les VBG, avec à sa tête Huguette Bokpè Gnacadja. Il agit sur plusieurs fronts pour renforcer la protection des femmes et des filles :

Campagnes de communication de masse sur le viol conjugal, le harcèlement sexuel, les mariages précoces et forcés ;

Plaidoyer pour l’instauration de cellules genre dans les ministères, les mairies, les institutions et les entreprises ;

Accompagnement juridique des victimes de violences ;

Écoute active et prise en charge via des cellules locales et des plateformes communautaires ;

Ligne gratuite 138 pour les signalements, accessible sur toute l’étendue du territoire.

« L’INF a pris en charge mon dossier alors que ma propre famille voulait que je me taise. Grâce à eux, mon bourreau a été condamné. Aujourd’hui, je vis libre », témoigne Grâce, une survivante de 28 ans rencontrée à Parakou.

Chaque semaine, les cellules de l’INF reçoivent des dizaines de signalements, preuve de la confiance croissante que les populations accordent à cette institution dédiée aux droits et à la dignité des femmes.

Un combat aux multiples défis

Malgré les efforts notables de l’INF, plusieurs défis entravent encore l’éradication des VBG au Bénin : la sous-déclaration des cas, souvent liée à la peur de la stigmatisation ou des représailles ; les normes socioculturelles persistantes qui justifient ou banalisent certaines formes de violence ; le faible taux de traitement judiciaire : entre 2019 et 2022, seulement 4 311 cas ont été portés devant les juridictions compétentes, sur plus de 50 000 signalés.

L’INF poursuit son combat, appelant à une mobilisation accrue de tous les acteurs de la société pour faire front contre les violences basées sur le genre. Car au-delà des chiffres, ce sont des vies à sauver, des droits à faire valoir, et une société plus juste à bâtir.

Abbas TITILOLA

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