Affaire Frère Hounvi : Steeve Amoussou demande sa libération pour apporter les preuves exigées par la Cour

0 1 137

Accusé d’être l’avatar derrière le pseudonyme « Frère Hounvi », Steeve Amoussou a de nouveau comparu ce lundi 7 avril 2025 devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). L’audience, déjà marquée par des échanges tendus et des accusations croisées, a pris une tournure inattendue lorsque le prévenu a demandé à être mis en liberté afin de réunir les preuves que la cour exige de lui.

Il convient de rappeler que lors de l’audience du 10 mars dernier, les avocats de la défense avaient dénoncé l’orientation des questions du ministère public sur la liberté d’expression de leur client. Steeve Amoussou, quant à lui, avait affirmé ne pas connaître l’identité de la personne qui administre la page nommée « Frère Hounvi ». Pour ses conseils, aucun élément de preuve concret ne permet d’établir un lien entre leur client et cette page.

L’audience de ce lundi rapportée par Peace Fm, était initialement prévue pour les réquisitions du ministère public. Toutefois, les débats ont repris dans un climat pesant, avec une défense plus déterminée que jamais. Dès l’ouverture, le président de céans interroge l’accusé : « Par vos réflexions et productions intellectuelles, nourrissiez-vous l’avatar Frère Hounvi ? » Steeve Amoussou répond : « Je pense qu’il y a une confusion entre participation et contribution. Ceux qui suivent le procès, par exemple, participent mais ne contribuent pas. Ceux qui sont en fond sonore participent, mais ne contribuent pas non plus. » Il poursuit : « Lorsque les chroniques du Frère Hounvi paraissent, chacun se les approprie. J’étais en prison, en isolement. Certains ont sorti une chronique de Frère Hounvi pour l’intégrer au contexte actuel. Est-ce moi qui en suis l’auteur ? »

Le président enchaîne avec la lecture d’extraits des chroniques de Frère Hounvi, notamment des passages jugés particulièrement virulents : « Le président de la République est un dictateur qui paraît dans un costume trop serré », ou encore, « Le chef de l’État vit en gangrène sur le dos de l’État ». Mais l’extrait qui choque le plus le président est le suivant : « Le Bénin est devenu une plaque tournante de la drogue depuis l’arrivée du régime de Patrice Talon. » Selon lui, de telles affirmations à l’encontre du chef de l’État sont inacceptables. Il demande alors à l’accusé de fournir les preuves de ces déclarations.

« Je ne suis pas le Frère Hounvi », insiste Steeve Amoussou. À la question sur les raisons de son agression le 12 août 2024, il répond : « À mon retour au Bénin, j’étais en t-shirt, en culotte et sans chaussures. Mon appartement a été fouillé à plusieurs reprises durant quatre mois. J’ai été enlevé, maltraité. Je n’ai plus aucun bien personnel. Et aujourd’hui, on me demande de fournir des preuves. Lors de mon arrestation, le procureur spécial ne m’a pas présenté comme Frère Hounvi, mais comme Steeve Amoussou. »

Devant la Cour, il exhibe le t-shirt rouge et la culotte bleue qu’il portait lors de son enlèvement à Lomé. Pour lui, il est absurde d’exiger des preuves dans de telles conditions. Me Magloire Yansunnu renchérit : « Vous arrêtez un homme et vous lui demandez ensuite de produire des preuves ? C’est une violation manifeste de la loi. Même à la CRIET, il faut un minimum de respect. »

Steeve Amoussou ajoute : « Concernant le trafic de drogue, je pense que Frère Hounvi a donné des informations pertinentes qui ont permis à la police d’effectuer des arrestations. Je suis Steeve Amoussou. Le président fait une confusion entre moi et Frère Hounvi. »

Il demande donc à bénéficier de la liberté pour aller chercher les preuves exigées par la Cour.

Me Aboubakar Baparapé abonde dans le même sens : « Il dit qu’il n’est pas Frère Hounvi, et vous lui demandez de se justifier. Vous inversez les rôles. Vu ses conditions de détention, comment voulez-vous qu’il rassemble des éléments ? »

Mais le ministère public campe sur sa position : Steeve Amoussou est bel et bien Frère Hounvi, et il promet de le prouver. Le président poursuit la lecture des chroniques controversées avant de poser une nouvelle question : « Avez-vous connaissance de la constitution d’une milice à qui l’on aurait distribué machettes, armes blanches et autres ? » Steeve Amoussou répond par la négation.

Un des avocats de la défense s’insurge : « Cet homme dit qu’il n’est pas Frère Hounvi. Il l’a déjà dit aux audiences préliminaires. Pourquoi continuez-vous à lui poser des questions comme s’il l’était ? C’est à vous de chercher les preuves. Lui affirme n’avoir rien fait. Envoyez donc vos enquêteurs chez lui. »

À son tour, Steeve Amoussou clarifie : « Je ne suis pas du Nord. Je suis Amoussou . Ma maman est Gbaguidi. »

À la suite des débats, le dossier est renvoyé au 14 avril prochain pour les réquisitions et plaidoiries.


Leave A Reply

Your email address will not be published.

× Contactez-Nous