« Franchement, je suis fatigué. À ce stade, je ne sais plus si je suis marié à ma femme ou à Baba Djèbou, ce jeu maudit de la Loterie. J’ai tout essayé : la patience, les conseils, même les menaces… mais rien n’y fait !
Au début, je ne comprenais pas pourquoi, en rentrant du travail, je trouvais toujours une sauce sans goût, sans viande, et parfois même… sans sauce ! Elle me disait que le marché était cher, que la vendeuse de tomates avait augmenté ses prix. Moi, naïf, je croyais. Mais un jour, j’ai eu le déclic : un voisin m’a confié qu’il voyait souvent ma femme au kiosque de loterie du quartier, en train de jouer à Baba Djèbou avec l’argent que je laissais pour la popote !
J’ai voulu en avoir le cœur net. Un soir, je suis rentré plus tôt. Je l’ai trouvée en pleine concentration, son ticket de jeu à la main, en train de murmurer des chiffres comme une prière. Moi, le ventre creux, j’attendais un bon repas, mais elle, elle attendait le tirage. C’était la goutte d’eau !
Depuis, c’est la guerre à la maison. J’ai confisqué son porte-monnaie, bloqué mon argent mobile, menacé de tout arrêter… Elle pleure, elle promet, puis deux jours après, rebelote ! Ce jeu est devenu son premier amour. Moi, son mari, je suis juste un colocataire affamé.
Je suis à bout. Mes frères, mes sœurs, que faire ? Dois-je fuir avant que ma dot ne parte aussi en ticket de jeu ? Dois-je l’amener chez un marabout pour un lavage mystique ? Ou bien, comme elle le dit souvent, ‘un jour, elle va gagner le gros lot et changer notre vie’ ? Mais en attendant ce fameux jackpot, moi, je risque de mourir de faim ! Aidez-moi, je ne sais plus à quel saint me vouer ! »
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