Les violences physiques se révèlent être l’une des formes majeures de manifestation des Violences basées sur le genre au Bénin. Qu’il s’agisse de coups, de blessures ou d’agressions, ces actes laissent des séquelles profondes, tant physiques que psychologiques.
Selon l’Observatoire de la Famille de la Femme et de l’Enfant (OFFEE), les violences physiques se définissent comme des actes causant des dommages non accidentels, qu’ils soient infligés à l’aide de la force physique ou de tout autre objet pouvant provoquer des lésions internes, externes ou les deux. Ces violences se manifestent sous plusieurs formes : au sein des foyers, dans les établissements scolaires, sur les lieux de travail, ou encore dans les espaces publics. Elles peuvent aller de blessures légères à des traumatismes graves. Les femmes et les enfants sont les plus touchés, avec des conséquences dévastatrices pour leur bien-être physique et mental.
Une prévalence inquiétante
Entre février 2019 et février 2022, le Bénin a enregistré 49 907 cas de violences basées sur le genre (VBG), selon les données du SIDoFFE-NG. Et entre 2022 et octobre 2024, ce nombre a grimpé à 55 982 cas. Les violences physiques représentent environ 15,17 % de ces incidents, soit 6 267 cas, ce qui en fait la deuxième forme de VBG la plus courante après les violences psychologiques (19 938 cas). Ces chiffres soulignent l’ampleur du problème, avec une prévalence inquiétante chez les femmes, qui représentent 90,9 % des victimes.
Les violences physiques varient aussi selon les tranches d’âge. Elles sont estimées à 21,1 % chez les jeunes de 25 à 29 ans, et à 33,1 % chez les adultes de 35 à 44 ans. Les filles et les femmes sont légèrement plus affectées que les garçons et les hommes, avec 30,2 % contre 29,6 % pour les 3 à 14 ans, et 27,9 % contre 27,6 % à partir de 15 ans.
Des témoignages poignants
Les témoignages des victimes révèlent l’ampleur du drame vécu par de nombreuses femmes au Bénin. Amélie, 42 ans, mère de trois enfants, se souvient : “Mon mari m’a frappée à plusieurs reprises, souvent devant les enfants. J’ai porté plainte, mais il a réussi à corrompre certains agents pour étouffer l’affaire. J’ai finalement quitté la maison avec mes enfants.”
Cécile, 29 ans, raconte un parcours semé d’embûches : “Je subissais des coups presque chaque semaine. Un jour, il m’a brisé le bras. Quand je suis allée au commissariat, on m’a conseillé de régler ça à la maison. J’ai dû m’enfuir chez ma sœur.”
Hortense, 35 ans, a failli perdre la vie après une violente agression de son conjoint : “Il m’a battue jusqu’à ce que je perde connaissance. Ce sont les voisins qui m’ont emmenée à l’hôpital. Aujourd’hui, je tente de me reconstruire, mais les cauchemars me hantent encore.”
Ces récits montrent à quel point le manque de soutien et de sensibilisation aggrave la situation des victimes.
Des parcours judiciaires semés d’embûches
Le système judiciaire béninois est souvent dépassé par le nombre de cas. Selon les statistiques récentes, en 2022, l’Institut National de la Femme (INF) a enregistré 298 dossiers de violences basées sur le genre. En 2023, ce chiffre a considérablement augmenté pour atteindre 1 117 dossiers. Et pour l’année 2024, jusqu’au 25 novembre, 1 797 dossiers ont été déposés.
Malgré une prise en charge initiale importante, seuls 4 311 cas sur environ 50 000 enregistrés entre 2019 et 2022 ont abouti devant les juridictions compétentes. Cela souligne les défis auxquels est confronté le système judiciaire, en particulier le manque de ressources et les obstacles procéduraux qui freinent l’accès à la justice pour de nombreuses victimes.
Un cadre législatif en quête d’efficacité
Le Bénin dispose d’un cadre législatif pour lutter contre les violences physiques. Le Code pénal, révisé en 2018, prévoit des peines de prison allant de 1 à 5 ans, et des peines plus sévères pour les infractions graves. Cependant, l’application de ces lois demeure un défi. Le manque de sensibilisation, les frais judiciaires élevés et la lenteur des procédures découragent souvent les victimes de poursuivre leur démarche en justice.
Pour combattre efficacement les violences physiques, il est essentiel de renforcer les campagnes de sensibilisation et d’améliorer l’accès à la justice. Informer la population sur les dangers de ces violences, les droits des victimes et les recours possibles peut aider à briser le silence et encourager les victimes à se manifester. De plus, la formation des forces de l’ordre et la mise en place de centres d’accueil pour les victimes sont des mesures cruciales.
La lutte contre les violences physiques exige l’engagement de tous. Les familles, les écoles, les autorités locales et les organisations de la société civile doivent unir leurs forces pour créer un environnement plus sûr et respectueux pour chaque citoyen. [Rejoignez plus de 20.000 abonnés sur notre chaîne WhatsApp pour ne rien manquer de l’actualité béninoise ! Cliquez ici pour vous abonner.]
Abbas TITILOLA
Avec la collaboration de CeRADIS ONG, membre de l’Alliance Droit et Santé
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