L’audience de ce mardi 11 mars 2025 dans l’affaire de la disparition d’Urbain Pierre Dangnivo est marquée par des révélations troublantes et des échanges tendus entre les parties. Donatien Amoussou, ancien militaire impliqué dans le dossier, a livré un témoignage mêlant accusations, complots et mystères autour d’un téléphone et d’une somme d’argent.
Dès la reprise de l’audience, Donatien Amoussou a été interrogé par la partie civile sur son parcours militaire. Il a précisé qu’il était titulaire du CAP 2 et qu’il avait reçu une formation spéciale des Américains. L’interrogatoire s’est rapidement orienté vers des questions sur son intégrité financière.
« Monsieur le président, l’argent ne sent pas mauvais. J’étais détenu, je manquais d’argent… Toutes ces sommes qu’on m’a données, j’ai pris d’accord, mais la somme qu’on m’a donnée, je pense que si c’était pour un crime, je ne pouvais pas. »
Selon lui, il aurait reçu plusieurs paiements, dont 500.000 FCFA de Grégoire Akofodji et une somme identique de Monsieur Davo, sans comprendre réellement les implications derrière ces transactions.
Un téléphone et une mission douteuse
Le cœur de l’affaire tourne autour d’un téléphone portable que le colonel Koumassegbô lui aurait demandé de remettre à Océan FM. Une tâche qu’il a refusée, comprenant que l’opération cachait quelque chose de louche.
« Si le colonel voulait détruire le téléphone, il n’aurait pas eu besoin de moi. S’il avait voulu le jeter dans la mer, il n’aurait pas eu besoin de moi. Mais me demander de dire que je l’ai retrouvé par terre, ça sonnait mal pour moi. »
Amoussou affirme qu’après son refus, Priso, un ami à lui, s’est chargé de remettre l’appareil. Il ajoute que c’est après son opposition qu’il a été mis à l’écart.
Une mission d’État sous couverture ?
Dans son témoignage, l’ancien militaire raconte une scène troublante impliquant le colonel Koumassegbô. Ce dernier lui aurait présenté une bouteille contenant un serpent dans de l’alcool et lui aurait servi un verre, insistant sur le fait qu’il devait « se sacrifier pour la nation » car la mission venait « du Chef de l’État ».
Amoussou confie avoir renversé discrètement le contenu du verre et refusé d’exécuter les ordres. Par la suite, il aurait reçu des menaces et subi des violences :
« Après tout ça, leur plan était de me tuer. Il fut un jour, ils m’ont tapé fatigué. »
Dangnivo, la pièce maîtresse ?
Interrogé sur sa connaissance d’Urbain Pierre Dangnivo, il a répondu :
« Dangnivo est-il dans la salle ? Je ne sais pas. Je ne connais Dangnivo ni d’Adam ni d’Ève. »
Toutefois, il reconnaît que des éléments de l’affaire, notamment le téléphone et la voiture, sont indirectement liés à lui.
Il évoque aussi une affaire de vol à la SAGAM, précisant que le véhicule utilisé appartenait à Dangnivo.
Les zones d’ombre persistent
De son côté, Codjo Cossi Alofa, également impliqué, a confirmé qu’il lui avait été promis 25 millions de FCFA, mais qu’il n’avait finalement reçu que 50.000 FCFA.
Lorsque le procureur lui a demandé s’il connaissait Robert Gbian, Alofa a simplement répondu : « Non. »
Un procès sous haute tension
L’audience a été marquée par des échanges vifs entre Donatien Amoussou et la partie civile. L’avocat de l’accusé a protesté contre certaines questions, les jugeant « hors de propos », ce qui a provoqué une suspension temporaire de la séance.
Un dossier explosif
Ce procès, qui éclaire un peu plus les circonstances de la disparition d’Urbain Pierre Dangnivo, semble loin de livrer tous ses secrets. Les témoignages contradictoires, les implications de hautes personnalités et les révélations troublantes ne font qu’alimenter les soupçons.
Entre silences pesants, révélations parcellaires et stratégies de défense, la vérité sur cette affaire judiciaire hors norme reste encore à écrire. [Rejoignez plus de 20.000 abonnés sur notre chaîne WhatsApp pour ne rien manquer de l’actualité béninoise ! Cliquez ici pour vous abonner.]
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