Le procès de l’affaire de tentative de coup d’État contre le président Patrice Talon a franchi une nouvelle étape le mercredi 29 janvier 2025. Ce procès est centré sur des accusations de complot contre l’autorité de l’État, corruption d’agents publics, et faux et usage de faux. Les principaux accusés, l’homme d’affaires Olivier Boko et l’ancien ministre des Sports Oswald Homeky, ainsi que trois autres prévenus, sont tous en ligne de mire. Ils ont tous plaidé non coupables.
Depuis le début des débats, plusieurs témoins ont été entendus. Parmi eux, un chauffeur, un gérant d’entreprise et un comptable ont fourni des détails relatifs aux accusations. Toutefois, les deux principaux prévenus, Olivier Boko et Oswald Homeky, ont refusé de témoigner en l’absence de leurs avocats, après que leurs avocats se soient déportés en raison de la composition de la cour. Bien qu’ils n’aient pas pu se constituer de nouveaux avocats dans le délai imparti, le procureur a insisté pour que le procès se poursuive. Cela a entraîné une situation où ces prévenus se retrouvent sans défenseur pendant le déroulement des débats.
Le ministère public a notamment demandé la lecture de certains documents et la convocation de témoins pour éclaircir certains points. C’est ainsi qu’un directeur administratif et financier, Venance Kokoyè, a été appelé à la barre pour témoigner. Selon l’audience rapportée par Banouto, il a expliqué son rôle au sein de la société de Rock Niéri, évoquant ses responsabilités dans la gestion financière et la supervision des dépenses. Selon lui, il avait signé des chèques à blanc avant de partir en vacances fin août 2024. À son retour, il n’a pas eu le temps de régulariser la situation avant l’éclatement de l’affaire.
Ensuite, un agent de NSIA Assurance a été écouté par visioconférence. Ce dernier a décrit les transactions effectuées par Oswald Homeky en 2022, dont des dépôts de 200 millions FCFA dans le cadre d’une assurance vie. Il a aussi évoqué un retrait de fonds demandé par Homeky fin 2023, ainsi qu’un dépôt de 50 millions de FCFA effectué en août 2024 pour un « ami », le colonel Tévoèdjrè, chef de la Garde républicaine. Ce dernier a, selon le témoignage, ouvert un compte d’assurance avec l’aide de Homeky.
Le comptable de Rock Niéri a également été interrogé une nouvelle fois pour confirmer certains détails financiers concernant l’implication d’Olivier Boko. Celui-ci, selon le comptable, aurait financé plusieurs projets pour la société et servi de caution pour des prêts bancaires.
Le procès a ensuite permis de lire les procès-verbaux d’audition d’Olivier Boko et Oswald Homeky. Lors de son audition, Boko a été interrogé sur une somme de 250 millions de FCFA reçue d’un bail immobilier, qu’il aurait demandée à être remise à Rock Niéri. Il a nié avoir connaissance d’un transfert d’argent chez Homeky, tout en affirmant que des mouvements politiques avaient été organisés pour soutenir sa propre candidature à la présidence en 2026, bien qu’il ait rejeté toute implication dans un éventuel coup d’État.
Quant à Oswald Homeky, il a expliqué qu’une somme de 1,5 milliard FCFA retrouvée à son domicile était destinée à financer des activités politiques liées au mouvement OB26, sans lien direct avec le complot allégué. Cependant, il a admis avoir fait appel au colonel Tévoèdjrè pour déplacer l’argent par sécurité, après des cambriolages subis. Il a aussi nié toute discussion au sujet d’un coup d’État, bien qu’il ait reconnu avoir partagé des moments avec le colonel, notamment lors d’une célébration de son anniversaire.
Le procès a continué avec l’intervention de l’avocat de l’État béninois, qui a formulé des demandes contre les prévenus. Il a requis la mise en détention de Boko, Homeky, et de Rock Niéri pour complot contre l’État, corruption, et blanchiment de capitaux. Il a également demandé la condamnation des prévenus à payer 77 milliards de FCFA en réparation des préjudices subis par l’État béninois, en plus de la saisie de leurs biens, y compris les 1,5 milliard FCFA retrouvés chez Homeky.
À la suite de cette requête, le ministère public a demandé la suspension de l’audience, qui a été acceptée par la cour. Le procès reprend demain jeudi 30 janvier 2025, avec probablement les réquisitions du procureur.