RDC : Goma plongée dans le chaos, les rebelles du M23 prennent le contrôle de la ville
Benin-news.com– La ville de Goma, dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), est plongée dans le chaos alors que les rebelles du M23, soutenus par des troupes rwandaises, intensifient leur offensive vers le centre-ville. Des milliers d’habitants ont fui la ville, cherchant refuge dans des zones plus sûres ou traversant la frontière vers le Rwanda. Les combats violents ont exacerbé les tensions régionales, le gouvernement congolais accusant le Rwanda de soutenir les rebelles, tandis que les appels internationaux se multiplient pour un retrait immédiat des forces insurgées.
Une situation chaotique à la prison de Munzenze
Dans un contexte déjà instable, la situation à Goma s’est encore détériorée ce lundi 27 janvier 2025 avec une évasion massive à la prison centrale de Munzenze. Environ 4 400 détenus se sont échappés de l’établissement situé dans le Nord-Kivu, profitant du chaos généré par une émeute violente. Des sources pénitentiaires ont confirmé que l’incident a été déclenché par une révolte des prisonniers, entraînant l’incendie de plusieurs parties de la prison. Ce désordre a permis aux détenus de s’évader en masse, exacerbant la crise déjà présente dans la ville.
Un bilan humain tragique : 10 morts signalés
Les émeutes et l’incendie ont eu des conséquences tragiques, faisant au moins 10 morts, dont des femmes. Les autorités locales n’ont pas encore précisé si ces décès sont dus à des affrontements entre détenus ou aux conséquences des incendies. Cette évasion massive a ajouté une dimension supplémentaire à l’instabilité de Goma, déjà secouée par les combats intenses entre les forces du M23 et les forces armées congolaises.
Un enjeu stratégique majeur
Goma est bien plus qu’une simple ville : c’est un centre névralgique pour le commerce, l’aide humanitaire et la sécurité dans la région. Abritant environ deux millions d’habitants, elle est aussi riche en ressources minières précieuses, notamment le cobalt, le coltan et l’or. Ces ressources en font un enjeu stratégique dans le conflit, les rebelles du M23 cherchant à exploiter cette richesse tout en exacerbant les tensions géopolitiques. Le contrôle de Goma permettrait aux rebelles d’étendre leur influence, notamment sur les ressources essentielles pour l’industrie mondiale.
Une résurgence violente du M23
Le M23, qui a déjà pris Goma en 2012 avant d’en être expulsé sous la pression internationale, est revenu en force à la fin de l’année 2021, avec un soutien présumé du Rwanda. Ce dernier, accusé par la RDC de soutenir les rebelles, dément toute implication et se défend en évoquant la menace posée par les milices hutues présentes en RDC. Cette résurgence du M23, combinée aux accusations de soutien rwandais, ravive les tensions entre les deux pays, menaçant une fois de plus la stabilité de la région.
L’intensification des combats a provoqué un déplacement massif de populations. Des milliers de civils ont quitté Goma à pied, emportant ce qu’ils pouvaient dans des conditions de plus en plus dramatiques. Les hôpitaux sont débordés et les camps de déplacés sont soumis à des bombardements intenses, forçant les populations à fuir à nouveau. Parallèlement, l’incendie survenu à la prison de Munzenze a permis l’évasion de plus de 2 000 détenus, ajoutant à l’instabilité de la ville.
Réactions internationales et tensions croissantes
La communauté internationale, incluant l’ONU, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, a exprimé des inquiétudes croissantes face à l’avancée des rebelles. Le Conseil de sécurité de l’ONU a exigé un retrait immédiat du M23, mais la mission de maintien de la paix, la MONUSCO, peine à contenir la violence. Le Rwanda, pour sa part, rejette les accusations, se défendant de toute implication et accusant plutôt le gouvernement congolais de collaborer avec des milices responsables du génocide de 1994.
La prise de Goma par les rebelles pourrait marquer un tournant dangereux dans le conflit, affectant la stabilité de toute la région. Avec l’importance stratégique de la ville et ses ressources naturelles, les implications d’un contrôle par le M23 risquent de déstabiliser davantage une région déjà fragilisée par des décennies de guerre et de violences ethniques. Tandis que la RDC rompt ses relations diplomatiques avec le Rwanda et que la pression internationale monte, l’avenir de Goma reste incertain, et le chemin vers la paix semble toujours aussi complexe.
La situation à Goma illustre la complexité du conflit dans l’est de la RDC, où les enjeux économiques, politiques et ethniques se mêlent pour former un scénario tragique. Tandis que le M23 poursuit son offensive et que le Rwanda est de plus en plus pointé du doigt, les civils restent pris au piège dans un conflit qui semble sans fin.
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