Procès des 4 milliards disparus à la DGI : Carlos Adohouannon incrimine ses supérieurs et fait de troublantes révélations

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Carlos Adohouannon, l’ex-régisseur de la Direction Générale des Impôts (DGI), a fait des révélations accablantes concernant la disparition des 4 milliards FCFA. C’était hier mardi 21 janvier 2025 à la Criet lors de ses travaux de la première session criminelle de l’année ouverte lundi dernier. Ses déclarations ont mis en lumière un réseau complexe d’intrigues et de manipulations, impliquant ses supérieurs hiérarchiques à la DGI.

Selon l’audience rapportée par Libre Express, Carlos Adohouannon a commencé son témoignage en expliquant son parcours à la DGI : “J’ai été nommé en juin 2016, mais je n’ai véritablement pris fonction qu’en janvier 2017”, a-t-il déclaré. “Tout le dernier semestre de 2016, j’ai travaillé avec l’ancien régisseur. Cette période, je la décris comme une période de transition. Officiellement, j’ai pris les rênes seul à partir de janvier 2017.”

Sur la question des biens dont il disposait à son arrivée, il a été très précis : “Après 5 années passées en prison et tout ce qui s’est passé, si je m’aventure sur ce terrain je vais dire des conneries. J’ai une seule maison et une voiture RAV 4 2010. Cet immeuble c’est tout ce que j’ai. Je n’ai plus rien d’autre.”

Concernant la disparition des fonds, il a répondu : “Ce n’est pas qu’on n’a pas retrouvé, ce n’est pas que ça a disparu. Mais ce qui s’est passé, c’est une situation qui a conduit à cet état de choses.” Il a ajouté : “Quand les fonds sont recouvrés à mon niveau, je fais le dépôt sur un compte destiné au FSE. Le reste, je le garde par-devers moi.”

Il a poursuivi en expliquant les difficultés rencontrées après 2018, notamment à cause d’une nouvelle loi de finances : “Il y a un article de la loi de finances qui dit que les prélèvements qu’on opérait à la source ne sont plus possibles. Puisqu’il faut dire que toutes les structures de l’État qui recouvrent des impôts ne doivent plus prélever des fonds à la source. Je ne savais plus quoi faire”, a-t-il précisé.

Carlos Adohouannon a également évoqué la pression exercée sur lui pour qu’il suive des directives concernant les fonds : “Le DGI m’a appelé et je lui ai expliqué qu’il y a une nouvelle mesure qui nous interdisait de faire les prélèvements à la source. Il a dit aux receveurs de garder avec eux pour le moment les sous recouvrés. Il a convoqué ensuite une réunion au cours de laquelle tout le monde a compris la nouvelle mesure, mais qu’en attendant de régulariser la situation avec le ministre, de continuer à enregistrer les recettes”, a-t-il rapporté.

Il a précisé que le DGR lui demandait de faire un point des FSE pour permettre l’émission des chèques : “Je fais le reversement pour que les différents chèques soient émis. Les reversements n’étaient pas automatiques. Lorsqu’on doit émettre les chèques, le DGR me demande de faire le point de ce qui doit être payé, je fais ensuite le reversement sur le compte pour que les chèques puissent passer.”

Carlos Adohouannon a ensuite fait état d’une situation qui l’a profondément perturbé, concernant un transfert de fonds décidé par ses supérieurs : “Le DGR m’appelle et me parle à nouveau du projet de rapatriement des fonds sans m’en donner les raisons. J’ai marqué un refus catégorique. C’est dans son bureau qu’il m’a dit ça. Je lui ai demandé quel montant, il ne m’a pas donné les détails, mais il m’a dit que le ministre même serait impliqué et qu’il a renoncé au projet de transfert des un milliard FCFA.”

Il a poursuivi : “J’ai fait le tableau récapitulatif des fonds et j’ai transmis des copies au DGR et au DGI. La pénalité faisait plus de 2.500.000.000 FCFA. Le DGI va voir le ministre avec le point et ils ont décidé qu’on transfert 1 milliard du Compte pénalités sur le compte FSE. Pourquoi faire ? On ne m’a pas dit, juste transféré.”

La situation est devenue de plus en plus troublante, avec l’évocation d’un rapatriement d’une somme d’environ 3,8 milliards FCFA : “Nous avons décidé du rapatriement des 3.800.000.000 FCFA et il restait 200.000.000 FCFA pour fonctionnement de la DGI”, a-t-il déclaré. Mais Carlos Adohouannon a expliqué qu’il avait pris soin de sortir les 200 millions qu’il a déposés dans son coffre, ne voulant pas être associé au rapatriement des fonds : “Le mardi, je suis allé dans le cargo et le cargo était vide.”

De plus, il a révélé que la pression qu’il subissait de la part de ses supérieurs l’a poussé à fuir : “Très tôt, j’ai compris qu’il y a un complot qui se tramait et j’ai disparu.” Avant de fuir, il a rempli des chèques qu’il devait déposer pour certification, mais il savait qu’il était dans une impasse.

Carlos Adohouannon a conclu en mentionnant qu’il avait été manipulé par ses supérieurs, se disant floué par le DGR, avec qui il passait énormément de temps dans son bureau : “Tout le monde à la DGI savait que je passais plus de temps dans le bureau du DGR que dans mon propre bureau. Il me parlait de ses projets d’agriculture et il me dit qu’il est en train de faire des travaux de conditionnement et qu’il a besoin de prêt.”

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