Procès de la Disparition de 4 Milliards à la DGI : un Bokonon parle de sa relation avec Carlos Adohouannon

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Au Bénin, le procès de l’ancien régisseur central des impôts, Carlos Adohouannon, et de ses codétenus dans l’affaire de la disparition de plus de 4 milliards FCFA à la Direction générale des impôts (DGI) continue. Après une suspension de l’audience le mardi 21 janvier 2025, celle-ci a repris ce mercredi 22 janvier 2025 à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET).

Blaise Salanon à la barre

Blaise Salanon, opérateur économique et proche de Carlos Adohouannon, est l’un des accusés dans cette affaire de disparition de fonds. Âgé de 37 ans, il est suspecté d’avoir joué un rôle majeur dans cette fraude financière qui a eu lieu en 2019 à la DGI. À la barre, il raconte son parcours. Selon sa déclaration rapportée par Banouto, il a commencé sa carrière dans les médias de 2006 à 2012 avant de se lancer dans la location de sonorisation. Ensuite, il a élargi ses activités en se consacrant au transport avec un véhicule de quatrième main. Depuis 2012, il s’est également lancé dans la location de véhicules de transport en commun, communément appelés Tokpa-tokpa, avec des revenus variant de 300 000 à 2 millions FCFA par semaine. Il possède aujourd’hui environ 34 véhicules.

En plus de ces activités, Blaise Salanon déclare être le promoteur d’un bar et propriétaire de plusieurs biens immobiliers, dont une maison à Abomey, trois maisons à Abomey-Calavi, ainsi que quelques parcelles non bâties. Il précise que la maison dans laquelle il réside ne lui appartient pas, mais lui a été confiée.

Le “Bokonon” des personnalités africaines ?

Fils d’un grand bokonon (féticheur), Blaise Salanon révèle avoir été impliqué dans des activités de fétichisme depuis son enfance, en assistant son père. Il poursuit ces activités même après avoir quitté le monde de la presse. Il confie avoir offert ses services de fétichisme à plusieurs personnalités politiques africaines, notamment l’ex-président guinéen Moussa Dadis Camara, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, et Michel Djotodia, l’ex-président de la Centrafrique.

Cependant, ces déclarations sont remises en question par le procureur spécial, qui souligne qu’à 16 ans, Blaise Salanon n’aurait pas pu avoir accès à ces personnalités. Le prévenu indique que ses consultations lui rapportaient des sommes importantes. Il évoque un revenu mensuel d’au moins 9 millions FCFA, atteignant parfois jusqu’à 200 millions FCFA. Il affirme également que ses consultations avec l’ancien président Laurent Gbagbo lui rapportaient au minimum 20 millions FCFA. Lors de ses voyages, il mentionne s’être rendu à Ouagadougou, où Moussa Dadis Camara, en exil, lui aurait versé une somme de 13 millions FCFA.

La somme de 15 millions retrouvée dans le véhicule

Lors de son arrestation, une somme de 15 millions FCFA a été retrouvée dans le véhicule de Blaise Salanon, ainsi qu’un chèque. À la question sur cette somme, il explique que l’argent était destiné à l’achat d’un terrain en face d’une église catholique. Cependant, les prêtres de l’église lui ont demandé de ne pas mener ses activités occultes à cet endroit. Il aurait donc été contraint de retourner un chèque de 15 millions FCFA via un notaire. Il explique qu’il a ensuite retiré l’argent à la banque et l’a laissé dans son véhicule.

Le président de la Cour souligne que les documents montrent que la parcelle a été achetée en 2016, alors que le reste des achats immobiliers a eu lieu entre 2017 et 2019.

La relation avec Carlos Adohouannon

La Cour s’intéresse à la relation entre Carlos Adohouannon et Blaise Salanon. Interrogé à ce sujet, Blaise Salanon confirme connaître Carlos, mais précise qu’il ne l’avait jamais rencontré auparavant. C’est en janvier 2019 que Carlos l’a contacté pour lui parler de produits liés à son réseau marketing. Après cet appel, Blaise Salanon l’a contacté à nouveau pour en savoir plus sur les produits et a envoyé son chauffeur récupérer un carton contenant douze emballages.

Salanon ajoute que Carlos lui a ensuite parlé de compléments alimentaires et le relançait régulièrement. Ils se sont rencontrés quatre fois, dont trois fois au bureau de Carlos Adohouannon.

Lorsqu’on lui demande si Carlos lui a fait des cadeaux, Blaise Salanon répond qu’une fois, il a reçu des bons d’essence d’une valeur de 100 000 FCFA et, plus tard, trois liqueurs.

L’audience continue à se pencher sur ces révélations et cherche à établir la portée des liens entre les accusés dans cette affaire complexe.

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