Reprise du procès de Carlos Adohouannon après une suspension : des révélations accablantes sur le détournement des 4 milliards

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L’ouverture du procès de Carlos Adohouannon, l’ancien régisseur central de la Direction Générale des Impôts (DGI) du Bénin, a eu lieu ce lundi 20 janvier 2025 devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET). Ce dossier complexe porte sur un détournement présumé de plus de 4 milliards de francs CFA, une somme colossale disparue dans des circonstances qui ont fait éclater l’affaire après la fuite de l’ex-régisseur.

Carlos Adohouannon est accusé, entre autres, d’avoir détourné des deniers publics, de blanchiment de capitaux, de complicité de détournement et de recel. L’affaire a pris une tournure dramatique après la disparition de l’ancien régisseur, qui, après plusieurs mois de cavale, a été interpellé au Sénégal puis extradé vers le Bénin.

Les accusations et la comparution des prévenus

Au début de l’audience, Carlos Adohouannon, vêtu d’une tenue traditionnelle noire et d’un gilet de détenu, a comparu avec ses sept coaccusés, tous également impliqués dans l’affaire. Chacun d’entre eux a été informé des charges qui pèsent sur eux. L’ex-régisseur a rejeté les accusations et a plaidé non coupable.

Les prévenus sont jugés pour une série d’infractions graves : association de malfaiteurs, détournement de deniers publics, blanchiment d’argent, et complicité. Le procès se déroule dans une atmosphère tendue, les prévenus étant confrontés à des preuves accablantes présentées par le représentant de la DGI.

La révélation des manquants financiers

À la barre ce lundi, le représentant de la Direction Générale des Impôts a apporté des éclaircissements sur l’affaire. Selon lui, la fraude a été découverte après qu’un audit interne, mené par l’Inspection Générale des Finances (IGF), a révélé l’ampleur des manquants, rapporte Banouto. Les fonds disparus, qui étaient stockés dans un coffre-fort sous la garde exclusive de Carlos Adohouannon, s’élevaient à 4 milliards de francs CFA, auxquels s’ajoutaient plus de 100 millions.

Le coffre-fort en question était censé contenir des fonds destinés à diverses opérations, y compris le paiement des primes aux agents de la DGI. Carlos Adohouannon, en raison de sa position, était le seul à détenir les clés de ce coffre, ce qui faisait de lui le seul responsable en cas de disparition des fonds.

La découverte de la fraude : l’histoire du chèque manquant

Le pot-aux-roses a été découvert de manière inattendue lors d’une routine administrative. Le Directeur Général des Ressources de la DGI, à l’époque des faits, a expliqué que lorsqu’un chèque de 224 millions FCFA a été émis pour le paiement des fournisseurs, Carlos Adohouannon a prétendu l’avoir certifié au trésor. Cependant, le fournisseur est revenu pour signaler que la banque avait refusé de payer, arguant qu’une mention spéciale manquait.

Lorsque le DGR a relancé Carlos Adohouannon pour comprendre la situation, ce dernier lui a assuré que le trésor avait gardé le chèque et qu’il devait revenir le chercher. Après plusieurs jours d’attente et de relances, Carlos a disparu le 20 septembre 2019, juste avant la remise du chèque certifié. Le DGR a immédiatement demandé à son assistant de se rendre au trésor pour vérifier la situation. À sa surprise, le trésor a affirmé ne pas avoir ce chèque en leur possession.

Le DGR, qui ignorait jusqu’alors l’existence d’un coffre contenant les fonds disparus, a décidé de faire une enquête approfondie. C’est ainsi qu’un huissier a été mandaté pour ouvrir le caveau où les fonds étaient conservés. Après l’ouverture, il a été constaté que le coffre était vide, confirmant les soupçons de détournement.

Suspension de l’audience et nouvelles révélations

L’audience a été suspendue à 13 heures 14 minutes, avant de reprendre après environ une heure, rapporte Banouto. À la reprise, le DGR a témoigné de son absence de contrôle direct sur les fonds gérés par Carlos Adohouannon. Il a précisé que ni lui, ni ses collaborateurs, n’avaient accès aux comptes des receveurs-percepteurs et des régisseurs comme Carlos. Il a affirmé qu’aucun compte n’avait été rendu sur les fonds déposés chez l’ex-régisseur, ce qui rendait plus complexe la détection de la fraude.

L’audience continue donc à la CRIET, où des détails supplémentaires sur l’implication de chaque accusé seront probablement révélés au fur et à mesure que l’enquête se poursuit.

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