Au Bénin, les violences basées sur le genre (VBG) représentent un défi majeur qui nécessite une intervention rapide et efficace pour protéger les victimes. Depuis 2012, le gouvernement béninois a mis en place un dispositif structuré de prise en charge à travers les Centres Intégrés de Prise en Charge des Victimes de Violences Basées sur le Genre (CIPEC-VBG). Ces centres offrent une assistance médicale, sociale, psychologique et juridique aux victimes. L’ampleur de la violence et la nécessité de renforcer ce dispositif sont aujourd’hui plus évidentes que jamais, comme en témoignent les dernières statistiques avec le risque de voir des victimes exclues de la prise en charge.
Le décret N°2012-228 du 13 août 2012 a posé les bases du dispositif de soutien aux victimes de VBG au Bénin. Quatre CIPEC-VBG sont actuellement en place dans le pays, à savoir à Cotonou, Abomey, Parakou et Dassa. Ces centres ont pour mission de prendre en charge les victimes sur plusieurs aspects : soins médicaux, soutien psychologique, assistance sociale, assistance juridique et judiciaire.
Les chiffres relatifs aux violences basées sur le genre restent inquiétantes et interpellent. En 2022, 16 261 cas ont été enregistrés, tandis qu’en 2023, ce chiffre a grimpé à 20 300. À la fin du mois d’octobre 2024, 19 421 cas avaient déjà été pris en charge. Au total, ce sont près de 56 000 victimes qui ont été enregistrées entre 2022 et octobre 2024, selon les statistiques du Système intégré des données relatives à la famille, la femme et l’enfant (SIDoFFE-ng). Cette augmentation n’indique pas nécessairement une hausse des violences, mais plutôt un renforcement de la dénonciation et de l’enregistrement des cas. Toute chose laissant entrevoir l’urgence de garantir une prise en charge adéquate et holistique aux victimes.
CIPEC-VBG: Une grande avancée mais…
Le CIPEC-VBG de Cotonou, situé à l’hôpital Homel, fait face à un afflux croissant de victimes de VBG. En 2023, il a accueilli 570 victimes, et en 2024, ce nombre a atteint 782. Ce centre couvre les départements du Littoral, de l’Atlantique, de l’Ouémé et du Plateau. Il n’est donc pas exclu que le centre se retrouve débordé. Selon Dr. Guy Bio Yérima, médecin coordonnateur du CIPEC de Cotonou, les services du centre sont débordés. Et de préciser que chaque victime bénéficie d’une prise en charge globale incluant une évaluation médicale, un suivi psychologique, et un soutien social et juridique. Cependant, la couverture géographique étendue de ce centre oblige de nombreuses victimes à parcourir de longues distances pour y accéder, ce qui constitue un obstacle majeur, notamment pour les populations économiquement vulnérables.
Seance de sensibilisation au CIPEC VBG Cotonou
Face à l’augmentation des cas de VBG, le plaidoyer pour la démultiplication des CIPEC-VBG s’intensifie. Le Directeur général de l’Observatoire de la famille, de la femme et de l’enfant (OFFE), Dr. Nassirou Kassoumou Hararou, souligne que la construction d’un centre CIPEC par département est désormais indispensable pour assurer une couverture nationale efficace. L’existence de seulement quatre CIPEC pour un pays de la taille du Bénin est insuffisante pour faire face à l’ampleur des besoins. Le CIPEC de Cotonou, par exemple, qui couvre quatre départements, ne parvient plus à gérer l’afflux constant de victimes.
La démultiplication des CIPEC permettrait non seulement de rapprocher les centres des victimes, réduisant ainsi les coûts et les distances de déplacement, mais aussi de garantir une prise en charge plus rapide et plus efficace. Cela soulagerait les centres existants et offrirait un accès facilité aux services de soutien. En rapprochant les CIPEC des victimes, il serait possible de maintenir et même d’accélérer la dynamique de dénonciation des violences basées sur le genre, ce qui est essentiel pour combattre l’impunité et protéger les survivants.
Ainsi, il est impératif que le gouvernement béninois, en collaboration avec ses partenaires, œuvre pour la création de nouveaux centres à travers le pays. Ce renforcement de l’infrastructure de prise en charge est un levier essentiel pour lutter efficacement contre les violences basées sur le genre et offrir aux victimes les chances de reconstruire leur vie dans la dignité.
Abbas AHMED TITILOLA