Entretien exclusif avec Sylvanus AÏSSI : « Rien n’est au dessus de la cohésion sociale »

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Dans un entretien exclusif accordé à un média de la place, Sylvanus Aïssi, ancien membre du parti FCBE, a abordé plusieurs sujets d’actualité politique au Bénin, notamment le discours du Président Patrice Talon sur l’état de la nation, la nomination des ministres conseillers, les perspectives pour 2026 et l’avenir de l’opposition. Il partage également son point de vue sur l’audit du fichier électoral et évoque son prochain choix politique à moins de deux ans des élections. Ci-dessous, l’intégralité de l’entretien 👇🏾

Conformément à la constitution, le Président Patrice Talon était face aux députés vendredi 20 décembre dernier, à l’Assemblée nationale, où il a prononcé son discours sur l’état de la nation. Quel regard portez-vous sur ce qu’a dit le Chef de l’Etat ?

Comme vous le savez, je ne suis pas au pays, mais comme tout béninois, j’avais le devoir de suivre ce discours du chef de l’Etat devant la représentation nationale. Et je me réjouis particulièrement, parce que cela signifie que nos institutions fonctionnent normalement.
Mais vous voulez savoir comment je perçois le message du chef de l’Etat. Je pense que le Président Patrice Talon est resté égal à lui-même. Un discours précis et concis ; il a choisi de laisser de côté les chiffres, qui d’ailleurs ont déjà été largement repris dans les médias ces jours-ci.
Sur la question, il me plaît d’insister sur le fait qu’on ressent à travers les perspectives partagées par le chef de l’Etat, les mots forts utilisés et l’émotion qu’ils charrient, la foi en tout ce qu’il fait. Patrice Talon croît au développement de ce pays, et nous devons tous nous engager, opposition comme mouvance.

Romuald WADAGNI reçoit le titre de meilleur ministre des Finances d’Afrique. Quelles sont vos impressions ?

C’est un sentiment de fierté et de grande satisfaction, qui m’anime. Mais je dois dire que je ne suis pas du tout surpris ; car, cette distinction confirme juste tout le bien qu’on pense de l’homme. Wadagni est un homme de vision, de méthode et de résultats. Et il a su s’entourer de cadres qui partagent sa conception des choses ; les résultats ont donc logiquement suivi. Voilà pourquoi les Etats doivent lui faire confiance pour diriger la Banque africaine de développement. Les faits parlent pour lui : il est le candidat idéal.

Cette distinction reflète-t-elle la réalité du pays ?
Je comprends ce que vous dites. Mais il faut interroger les chiffres, et voir également les efforts de développement qui sont faits, malgré le contexte économique mondial, secoué par des crises sanitaires et des conflits armés. Il me plait juste de rappeler, que février 2024 a marqué un tournant pour les finances publiques béninoises avec l’émission d’un emprunt souverain de 750 millions de dollars à un taux compétitif de 7,96 %. Grâce à un swap de taux, le coupon en euro a été réduit à 6,5 %, un exploit dans un contexte de marché tendu. Cette opération a propulsé le Bénin au rang de troisième meilleur crédit africain en dollar américain, derrière le Maroc et l’Afrique du Sud.
Les performances macroéconomiques de notre pays sont également assez impressionnantes. Avec une inflation maîtrisée à 1,8 % et une croissance prévue à 6,7 % en 2024, notre pays le Bénin continue d’incarner un modèle de résilience.
De façon pratique, Cotonou a fait peau neuve. Les grandes villes du Bénin se métamorphosent. Le pays est en chantier, et de grands efforts sur le plan social, continuent de se faire.

Les 12 ministres conseillers ont été nommés par le chef de l’État. D’aucuns pensent que c’est une manière de récompenser les différentes personnalités et de poser des bases stratégiques pour 2026. Qu’en dites-vous ?

Jusqu’en 2026, c’est au Président Patrice Talon que nous avons confié la gestion du pays, et il est libre de s’organiser pour le conduire à bien. S’il décide d’associer des personnalités à sa gestion, je n’y trouve aucun inconvénient. Qu’il vous souvienne qu’en 2016, des nominations ont été faites, entre les deux tours de la présidentielle. C’est au capitaine du bateau qu’il revient la responsabilité de trouver l’équilibre qu’il faut pour nous mener à bien.
Maintenant, puisque vous parlez de stratégies pour 2026, je suis tenté de vous donner raison. Car, les personnalités politiques qui sont choisies sont des gens qui sont écoutées par les populations, qui ont de l’expérience, et qui ont fait leurs preuves. Le casting est parfait et prouve que le président Talon veut être mieux écouté à la base.

Que pourraient apporter ces ministres conseillers à moins de deux ans du mandat du chef de l’État ?
Ce que pourraient apporter ces ministres-conseillers, c’est déjà leurs différentes expériences. Ils sont appelés à assister au Conseil des Ministres, à conseiller le gouvernement, à le représenter à certaines occasions, etc. Ce n’est pas rien. Ils ont beaucoup à faire, non seulement officiellement, mais aussi et surtout officieusement sur le terrain. Puisqu’ils seront relativement plus relaxes que les ministres.

Que pensez-vous de la création du cadre de concertation de l’opposition ?

Le cadre de concertation de l’opposition n’est pas un truc nouveau. Presqu’à l’approche de chaque élection, l’opposition tente de se mettre en rang serré pour mieux se faire entendre par le pouvoir en place, et mieux l’affronter aussi. Ce n’est pas qu’au Bénin seul que ça se passe souvent. Donc, c’est de bonne guerre.

Quel avenir pour ce creuset sans l’union de tous les partis de l’opposition ?

On ne peut pas obliger tous les partis politiques d’opposition, à se ranger dans un même creuset. S’il y en a qui estiment que leurs lignes de défense ne cadrent pas avec les objectifs du creuset, ils sont en droit de rejeter l’offre des fédérateurs. Et pour en venir à votre question de façon plus précise, je ne peux pas prédire l’avenir de ce creuset. Je veux juste souhaiter que malgré toutes les divergences, il faut qu’on affiche l’amour pour la patrie et la défense pacifique des intérêts. Et là-dessus, je n’ai aucun doute, à voir les personnalités politiques qui composent ledit creuset.

Quelle est votre réaction sur la volonté de l’opposition d’auditer le fichier électoral ?

Le fichier électoral est l’instrument qui doit servir de base pour les prochaines élections. L’apurer et le mettre à jour, relève de la collaboration de plusieurs composantes. Et si l’opposition veut qu’il soit audité, il faut le faire pour rassurer tout le monde.

L’audit du fichier électoral est-il nécessaire pour les élections de 2026 ?

Je pense que rien n’est au-dessus de la cohésion sociale. Et nous avons encore en mémoire le douloureux passé des conflits post-électoraux de 2019. On ne veut plus revivre ces choses. Et pour ce faire, nous devons tous nous engager. Et si l’engagement de tous passe par l’audit du fichier électoral, il faut le faire. Ça permet d’instaurer la confiance et d’anticiper la gestion des contestations et les conflits post-électoraux. La paix n’a pas de prix.

Olivier BOKO, l’ami fidèle du chef de l’État, a été arrêté le 1ᵉʳ octobre pour une tentative d’atteinte à la sûreté de l’État. Croyez-vous aux chefs d’accusation retenus contre le prévenu ?

Il ne s’agit pas de croire ou non. La justice n’est pas une religion ; elle est une science qui permet d’élucider les faits, d’établir la manifestation de la vérité, et de punir les des coupables d’actes répréhensibles. Et elle est à pieds d’œuvre. On parle d’atteinte à la sureté de l’Etat, de blanchiment d’argent, et de corruption d’agent public. Si les faits sont avérés, ils sont assez graves.

Déjà deux ans que vous avez démissionné du parti FCBE. Vos militants et l’opinion publique s’interrogent sur votre prochaine destination politique. Nous sommes à moins de deux ans des élections générales de 2026. M. Sylvanus AÏSSI êtes-vous toujours un opposant ? Et quelle est votre nouvelle famille politique ?

(RIRE) Je savais qu’on ne finirait pas cet entretien sans aborder cette question. Mais je vous rassure que tout est fin prêt. Avant le 15 janvier prochain, vous connaîtrez ma nouvelle couleur politique. Ça fait plusieurs mois que je suis en tournée d’affaires, en Afrique, en Asie et en Europe. C’est ça qui retarde les choses. Mais je rentre dans quelques jours et vous saurez tout.
Par contre, ce qui ne va pas changer, c’est ma façon de faire la politique. Je serai toujours plus proche des populations. Car, j’estime que pour induire un changement qualitatif dans votre environnement, il faut écouter, décider avec les populations, et les associer à l’action. Et cette manière de faire, ne va pas changer.

Un mot pour conclure cet entretien
Mon mot de conclusion, c’est déjà de vous remercier pour l’intérêt que vous portez à ma modeste personne. Je voudrais également profiter de cette opportunité que vous m’offrez, pour dire Bonnes fêtes de fin d’année et surtout mes meilleurs vœux de l’année nouvelle, à tous mes militants et sympathisants et à tout le peuple Béninois.
Merci !

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