“J’ai échoué à l’examen du BEPC”
Mais cet échec demeure l’une des plus belles choses qui me soient arrivées. Il m’a fait perdre le syndrome du premier de classe et permis de comprendre assez tôt l’ambivalence de la vie : on perd aujourd’hui, on gagne demain, et, parfois, « qui perd, gagne ».
Mon meilleur ami avait réussi. Alors ma mère m’a appelé et m’a dit dans notre langue : « Si ça a marché pour ton ami, c’est que ça marchera pour toi la prochaine fois ». Puis elle a déballé sa bourse et m’a remis quinze mille francs : « Vas participer à la fête de ton ami et sois heureux pour lui ».
Ma mère m’a ainsi donné de belles leçons : savoir être heureux pour le succès d’un autre au point d’oublier son propre échec. La valeur d’un enfant ne tient pas à un succès scolaire. La véritable valeur, c’est la valeur du cœur. Le message était simple : « Si tu réussis, on sera heureux. Si tu échoues, cela ne changera rien à l’amour qu’on te porte ».
En cette période d’effervescence des résultats du BEPC, je demande aux parents de célébrer légitimement les enfants qui ont réussi tout en veillant à ne pas rabaisser ni frustrer ceux qui n’ont pas réussi. Un enfant ne doit pas avoir peur de perdre l’estime de ses parents juste pour un échec scolaire.
Fort de cette belle leçon, j’ai abordé plus tard les examens scolaires et les épreuves de la vie professionnelle sans jamais craindre d’échouer. Ne pas craindre d’échouer ou d’être critiqué est aujourd’hui le meilleur moteur de mes actions. Un jour peut-être, je vous ferai le curriculum vitae de mes échecs.
C’est pourquoi, je pense qu’un homme ne doit pas être prisonnier de son erreur. C’est très souvent après une erreur que l’homme s’élève encore plus haut. Dieu lui-même sait pourquoi il recrute ses serviteurs les plus exaltés parmi les plus grands « pécheurs ».
C’est encore fort de cette belle leçon que j’ai réussi à faire sortir des centaines d’enfants de la délinquance dans le temps où j’avais en charge les enfants en conflit avec la loi. La première des choses que je leur montre, c’est que je ne les déprécie pas parce qu’ils ont dévié du bon chemin. Et j’ai vu des jeunes délinquants manifester plus d’empathie, plus de dignité et plus de bravoure que les adultes en costume-cravate.
En tant qu’avocat, je ne peux souscrire à la doctrine de la « condamnation à vie ». Car, je crois que tout homme peut rebondir et que l’homme est au-dessus de sa faute.
Me Arnaud OUEDRAOGO
Avocat