Santé sexuelle de la reproduction et de planification familiale : la loi sur la SR/PF au cœur d’un webinaire du Remapsen
Le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (Remapsen) a organisé le mercredi 22 mai 2024 un webinaire sur la Santé de Reproduction (SR) et la Planification Familiale (PF). Une centaine de journalistes africains ont pris par à ce séminaire en ligne placé sous le thème: “Adoption et application des lois sur la santé de la reproduction et de la planification familiale en Afrique de l’ouest et du centre : où en sommes-nous ?”. Et pour débattre autour du sujet, trois panelistes ont exposé à tour de rôle. Il s’agit de Dr Asmani Chilanga, Conseiller régional chargé de programme et politique de planification familiale au bureau régional de l’Organisation des Nations Unies pour la Population (UNFPA) à Dakar au Sénégal, du Dr Diallo Djenebou, juriste et responsable sénior du plaidoyer à l’unité de coordination du partenariat de Ouagadougou et du Professeur Mélanie Tia, présidente de l’ONG Women in Global Health en Côte d’Ivoire.
La Santé sexuelle et reproductive, selon le Dr Asmani Chilanga est un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social lié à tous les aspects de la sexualité, de la reproduction et qui ne consiste pas seulement à une absence de maladie, de dysfonctionnement ou d’infirmité. « Lorsqu’on parle de Santé sexuelle et Reproductive, il y a différentes composantes, différents services y compris l’éducation à la sexualité, les soins prénataux, les soins postnataux, l’accouchement sécurisé mais aussi les soins d’urgence » a-t-il renchéri. Selon lui, les avantages sont énormes quand on investit dans la santé sexuelle et reproductive. Mais pour ce faire, “il faut s’attaquer aux différentes barrières qui peuvent être dans les lois, les politiques, l’économie, les normes et valeurs sociales, culture, établissement, etc” a-t-il souligné mentionnant les efforts du bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de l’Unfpa qui travaille avec les États membres pour l’adaptation et la mise en œuvre des engagements à divers niveaux de la santé sexuelle et reproductive. Faisant cas du Partenariat de Ouagadougou (PO) signé en 2011 au Burkina-Faso il indique que seule la Côte d’Ivoire sur les pays membres n’a pas encore adopté une loi sur la santé sexuelle et reproductive. Et pour ces pays ayant adopté une loi, le Docteur souligne que cela ne suffit pas. “Il faut le décret d’application. Il y a toujours des actions, des politiques et programmes à mettre en œuvre” a-t-il fait ressortir. Parlant de la gratuité du planning familial, Dr Chilanga Asmani fait savoir : “Environ cinq en offrent comme service gratuit, les autres le font à titre payant, et d’autres sont en cours de développement d’assurance maladie ou d’autres cadres pour assurer l’offre de services gratuits de planning familial et d’autres services comme accouchement, etc”.
Revenant à son tour sur le Partenariat de Ouagadougou, Dr Djénébou Diallo explique que son objectif est d’accélérer l’utilisation des services de planification familiale dans les pays membres (le Bénin, le Burkina-Faso, le Sénégal, la Mauritanie, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Mali, le Togo, la Guinée). À en croire le Dr Diallo, “La vision du PO c’est avoir une Afrique de l’Ouest où l’accès aux services de Planification Familiale de qualité améliore la vie des jeunes et sert de catalyseur pour le développement durable”. Cependant, le PO a besoin de financements pour mettre en œuvre un certain nombre de choses. “ L’objectif est d’augmenter le nombre d’utilisatrices additionnelles de méthodes contraceptives. De 2011 à 2016, nous sommes passés de 1 million à 3 millions, et de 2016 à 2020, l’objectif était de 2,2 millions d’utilisatrices additionnelles. Cet objectif a été atteint, mais il y a un besoin d’accélérer la cadence pour répondre aux objectifs de 2030. Le nouvel objectif est d’atteindre 13 millions d’utilisatrices additionnelles, ce qui doublerait le chiffre actuel de 6,5 millions” a fait observer Dr Djénébou Diallo. Selon elle il y a nécessité d’améliorer le système de santé en Afrique de l’Ouest et du Centre. Et pour y parvenir, des mécanismes sont mis en place dont entre autres, la promotion des SR/PF via des activités, mettre en avant les normes sociales et améliorer les données. En ce qui concerne les lois votés dans 8 pays sur 9 composants le PO, Dr Djénébou Diallo déplore un réel écart dans l’application de ces lois. “Des décrets d’application sont nécessaires pour définir le contenu et assurer la mise en œuvre” a-t-elle insisté.
Pour sa part, la présidente de l’Ong Women in Global Health en Côte d’Ivoire se dit être préoccupée par la non Adoption jusque là d’une loi sur la santé sexuelle et reproductive dans son pays. Le Professeur Mélanie Tia a énuméré quelques actions de plaidoyer axées sur des campagnes digitales, des rencontres avec les leaders, les représentations nationationales et organisations intervenant dans le secteur de la santé et de la reproduction dans le pays. Des actions sont également menées au niveau international pour forcer la main aux dirigeants ivoiriens à adopter ladite loi.
A.A.T