Le Football féminin était au cœur du “Vendredi de l’académie” organisé par l’Académie nationale des sciences, arts et lettres du Bénin (Ansalb) le vendredi 12 avril 2024 à l’amphithéâtre Sadeler de l’Isba, Fss, Cotonou. Acteurs du football féminin, anciennes gloires du foot, académiciens, chercheurs et autres, tous ont répondu présent à ce grand rendez-vous d’échanges et de partage.
“Ombre et lumière sur le football féminin au Bénin et en Afrique” c’est le thème retenu par l’Ansalb dans le cadre de ce “Vendredi de l’académie”. L’objectif à en croire les organisateurs est de susciter une réflexion avec le public sur les stéréotypes socioculturels et les défis majeurs du football féminin pour son meilleur développement au Bénin et en Afrique. De façon spécifique, l’Ansalb entend ainsi mettre en lumière les barrières socioculturelles qui empêchent le football d’être plus accessible aux filles et au femmes ; encourager la pratique féminine du football ; accroître la valeur marchande du football féminin à travers l’historiographie des exploits des pratiquantes béninoises, voire africaines ; encourager la représentation des femmes dans le processus décisionnel au plus haut niveau du football. À cet effet, des spécialistes avertis de la question notamment, les arbitres ; les joueuses ; enseignants-chercheurs des staps ; entraîneurs sportifs ; membres de la FBF ont été mobilisés autour du sujet. Lesquels ont présenté les quatre communications ayant meublé les échanges à savoir : Historique et évolution du football féminin (présenté par Basile Agbodjogbé et Lafiou Yessoufou) ; Pesanteurs socioculturelles liées à la pratique du football féminin au Bénin (présentée par Judith Ahounou Aïkpe ; Développement du football féminin au Bénin (présentée par Rafiatou Sitou) et Modèle d’organisation du football féminin : cas du Maroc (présentée par Touha Fatiha Jermoumi).
Il ressort des échanges que de nombreux efforts sont faits depuis la création du football féminin il y a plus de 50 ans. Toute fois, il y a quelques barrières socioculturelles qui font que les filles ne s’adonnent pas pleinement à la pratique du football féminin. “Ces barrières sont entrain d’être levées” note avec satisfaction Sitou Rafiatou, Professeur certifiée d’éducation physique et sportive et ancienne arbitre. “Il faut que les présidents des clubs prennent l’engagement d’utiliser réellement les fonds qui sont reçus pour les subventions dans le développement du football féminin. Il faut également mettre en place une stratégie de suivi du respect du règlement par rapport au nombre d’étrangères dans nos différents championnats et les âges puis créer un cadre stratégique pour contrôler la naturalisation des joueuses étrangères si nécessaire” a-t-elle formulé comme recommandations. Pour Judith Ahounou épouse Aïkpé, Directrice de la coopération universitaire et scientifique du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Beaucoup de recommandations sont issues des discussions et vont dans le sens de la promotion et de la lutte contre les pesanteurs qui annihilent le développement du football féminin. “Il faut le toilettage des textes, finaliser la charte et voir quelle place elle donne à la femme. Il y a le harcèlement sexuel qui est très capital parce que la fille peut être volontaire, peut disposer de tous les atouts physiques mais à partir de cet instant dès qu’il y a ce phénomène, elle régresse automatiquement. Il y a un problème de formation dans notre pays. La plupart de ceux qui encadrent nos équipes féminines sont souvent des hommes et un milieu dans lequel il y a homme et femme face à une activité déjà qualifiée de masculin, toutes les deviances sont possibles. Il y a aussi la masculinité aujourd’hui qui tend à générer des deviances, je voudrais parler de l’orientation sexuelle. Tous ces points ont été débattus. Il va falloir toiletter tout ceci pour donner un avenir meilleur à notre football chez les femmes” a-t-elle ajouté.
À noter que cette conférence initiée par l’académie autour du football féminin s’inscrit dans le cadre de son programme structurant “les grandes conférences” de l’Ansalb. Ce programme a pour objectif, rappelle son coordonnateur, le Professeur Jean Pierre Ezin, “de prendre des problèmes de la société, de les remonter au niveau scientifique et de les faire redescendre au niveau de la société pour que la science ne reste pas en l’air et la société reste en bas. La science doit pouvoir descendre. Et c’est pourquoi on a mobilisé des scientifiques pour parler d’un problème commun : le football féminin au Bénin et en Afrique”. “Tout le monde sait que ça ne se développe pas au même rythme comme le football masculin. Pourquoi on en est là ? Je crois qu’on a essayé de trouver des réponses à la question. La réflexion va continuer et sur cette base nous allons faire des recommandations au gouvernement et à tous les décideurs à tous les niveaux” a indiqué le coordonnateur Jean Pierre Ezin.