Ce que vous ne saviez peut-être pas : voici l’histoire de Jean Miché Kankan décédé il y a 27 ans aujourd’hui

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13 février 1997- 13 février 2024, il y a 27ans disparaissait Jean Miché Kankan. L’oubli est la ruse du diable.

Il est certainement le plus grand humoriste Camerounais de tous les temps. Sa réputation a traversé les frontières du Cameroun. Il était adulé dans plusieurs pays africains et a inspiré plusieurs générations d’humoristes. L’ivoirien Gohou Michel dit ceci de lui : « C’est mon idole, j’ai été inspiré par lui. En matière humoristique, Jean Miché Kankan est notre maître à tous ». De son vrai nom Dieudonné Afana Ebogo, Jean Miché est né le 13 février 1956. Il fait réellement ses premiers débuts sur le plan humoristique dans son village à Menguemessi. Il se livrait alors en spectacle pour la modique somme de 10 francs cfa la place ;  il adopte comme nom de scène : Afadieu (un diminutif de son patronyme Afana Dieudonné). Ses débuts sont très difficiles. Le public n’est pas au rendez-vous mais à force de travail et de persévérance, il va réussir à adopter son style à lui et à conquérir les cœurs.

Se sentant à l’étroit, il décide d’aller à la conquête de la capitale du département. Cap sur Akonolinga. C’est à ce moment-là qu’il rôde son style humoristique.  Là-bas, il se révèle totalement. En 1981, il fait la rencontre d’Albert Mbida journaliste à la CRTV . Afadieu lui fait écouter l’une de ses cassettes ; Albert Mbida plié de rire est conquis et lui propose tout de suite de monter avec lui sur Yaoundé pour enregistrer. C’est le début d’une belle aventure. Afadieu est alors engagé à la radio pour animer des tranches humoristiques. C’est la fameuse émission « radio trottoir » qui va bercer les auditeurs de radio Cameroun. On assiste à la naissance d’un duo mythique : « Kankan » et son complice « Massa Batré ». Une complicité tacite va lier ces deux hommes sur les antennes. Ce duo fera fureur. il commence à enregistrer des cassettes et à gagner en notoriété. Son génie s’impose au public Camerounais au fil du temps. Sa notoriété s’en va grandissant ; il commence à être diffusé à la télévision nationale.

On le voit alors dans des émissions phares comme télépodium. Les diffusions de ses apparitions remarquées à la télévision dépassent alors les frontières du Cameroun et il est sollicité un peu de partout en Afrique.  Il se livre en spectacle un peu partout et fait salle comble à chaque fois.Jean Miché Kankan c’était surtout son style.  Un habillement : veste et pantalon larges, cravate et chapeau, le visage peinturluré en noir,du blanc sur les cheveux,la barbe et les sourcils,un parler imitant l’accent d’un ressortissant de la région Ouest du Cameroun ; un jeu de scène unique, une maîtrise de l’improvisation des sketchs dépeignant les travers de la société africaine par la satire en arborant un style et une tenue d’ivrogne. Kankan c’était aussi sa fidèle épouse, la fameuse « Maman Hélène ». Ses sketchs demeurent d’actualité et c’est toujours un régal de les réécouter.

Il laisse à la postérité plusieurs sketchs inoubliables : L’élève international, la fille du bar, prêt d’argent, maladie d’amour, la lettre, la carte d’identité, le soulard, le mauvais payeur, l’accident de voiture, mon boutiquier, les vérités de Malam, le commissariat, etc.. Kankan était homme d’une extrême simplicité qui ne se prenait pas au sérieux, très humble et généreux, il était toujours proche du peuple. Il n’était pas rare de le croiser à Mvog Ada au milieu des quidam entre d’ingurgiter quelques bières ou de jouer au Songho.

Kankan a travaillé à la loterie nationale. Il est décédé le 13 février 1997 et a été quelque peu oublié.  Il meurt après une grande tournée en Afrique de l’Ouest ; cependant même face à la mort, il n’avait pas perdu son sens de l’humour ; sur son lit de malade,  alors qu’il se sentait déjà condamné ; il disait alors à ses visiteurs : « Je ne sais pas pourquoi la mort laisse les riches, les mauvais types pour venir prendre un pauvre type comme moi qui veut juste donner du bonheur aux camerounais » lâchait-il, le sourire léger au coin.

Il était et demeure particulièrement adulé jusqu’à ce jour en Afrique de l’Ouest et centrale à tel point que dans ces pays-là, le nom « Cameroun » renvoie automatiquement à Jean Miché Kankan. A sa mort, le président du Benin Mathieu Kérékou a personnellement dépêché le ministre de la culture pour le représenter aux obsèques de Jean Miché Kankan. Sous d’autres cieux il aurait eu des monuments, des noms de rue, des salles de spectacles, des écoles en son nom. Sa maison aurait été transformée en musée ; mais le Cameroun, c’est le Cameroun.

Il est mort pauvre parce qu’il a été floué à chaque fois par les promoteurs de spectacles et des producteurs véreux. Il est l’artiste Camerounais le plus piraté.
Jean Miché Kankan, nous ne t’oublions pas. L’oubli est la ruse du diable !                              

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