Prise en charge holistique des victimes de Violences Basées sur le Genre : une approche qui doit faire école
Au Bénin, la prise en charge des victimes de violences basées sur le genre (VBG) a connu des progrès significatifs grâce à l’adoption d’une approche holistique. Cette démarche, qui intègre un soutien psychologique, médical, social, juridique et judiciaire, marque un tournant dans la manière dont les survivants de VBG sont assistés. L’objectif est d’offrir un accompagnement complet, sur un même site, afin de simplifier le processus et de garantir une meilleure prise en charge des victimes.
Avant l’instauration de cette approche, les victimes étaient confrontées à une situation complexe et épuisante, devant se rendre successivement au commissariat, au centre de santé, au tribunal et à d’autres structures, souvent dans un état de stress et de traumatisme. Chaque nouvelle étape imposait de revivre les violences subies, ce qui décourageait nombre d’entre elles de poursuivre le processus. Aujourd’hui, avec l’approche holistique, ces mêmes victimes peuvent trouver tous les services nécessaires sur un seul et même site, ce qui réduit considérablement la charge émotionnelle et psychologique.
Les Centres intégrés de prise en charge des victimes et des survivants de VBG (CIPEC-VBG), qui sont au cœur de ce dispositif, offrent une prise en charge complète et coordonnée. Chaque victime bénéficie d’un accompagnement personnalisé qui couvre tous les aspects de sa situation. Cela inclut l’accès à des soins médicaux immédiats, un soutien psychologique, une aide juridique et une assistance sociale pour faciliter la réinsertion et la réhabilitation.
Une telle approche garantit que la victime est non seulement soignée, mais également soutenue dans sa démarche de reconstruction personnelle et sociale. Elle favorise son autonomie et lui permet de surmonter le traumatisme causé par les violences qu’elle a subies. Le processus prend en compte l’écosystème dans lequel la victime évolue, en intégrant ses besoins immédiats tout en travaillant sur son environnement pour favoriser sa réintégration.
L’un des aspects les plus remarquables de ce modèle est sa dimension intégrée. Dans chaque CIPEC, un personnel pluridisciplinaire composé de médecins, de psychologues, d’assistants sociaux et de juristes travaille ensemble pour offrir une réponse cohérente et efficace. Ce système permet de réduire les délais de prise en charge, tout en garantissant une prise en compte complète des besoins des victimes.
Le décret du 13 août 2012, instituant la création des centres intégrés départementaux de coordination pour la prise en charge des victimes de VBG, a constitué un jalon important dans cette dynamique. Ce texte législatif a permis de formaliser la mise en place des CIPEC et de définir clairement leur mission, notamment celle de coordonner les actions de prise en charge à travers un dispositif intégré. Ce décret met l’accent sur la réduction des obstacles administratifs et logistiques pour les victimes, en permettant une gestion centralisée des différentes étapes du processus de prise en charge.
Malgré ces avancées, des défis subsistent. Si quelques CIPEC ont vu le jour dans certaines villes majeures, il reste encore un travail considérable pour garantir leur présence dans tous les départements du pays, conformément aux objectifs du décret. Il est essentiel que les autorités continuent de renforcer les ressources humaines, financières et matérielles nécessaires à l’extension de ce modèle, afin que chaque victime puisse bénéficier de cette prise en charge intégrée, quel que soit son lieu de résidence.
En somme, l’approche holistique de prise en charge des victimes de VBG au Bénin représente un modèle innovant qui pourrait inspirer d’autres pays de la sous-région. En offrant une réponse coordonnée et complète aux besoins des victimes, le Bénin fait un pas décisif vers la réduction des violences basées sur le genre et la garantie de la protection des droits humains des survivants.
Abbas AHMED TITILOLA
