Cette légende raconte comment Ifá (la sagesse et la divination) a triomphé de la mort.
Bonus : Fèzan de la semaine
Légende du signe “Toula do Lo Gbé”
Au commencement, la Mort, dont le nom de guerre est Kuhôssou agblagodji, était furieuse. Elle accusait les habitants du monde des vivants de médire d’elle. Pour les punir, elle décida de lancer une attaque dévastatrice. Elle informa le roi Lonfin kèdotô de son intention de décimer les “diffamateurs”.
Qui étaient ces diffamateurs ? Trois groupes étaient particulièrement visés :
- Ifá lui-même.
- Les adeptes du vodoun (appelés aussi Asso hotô)
- Les forgerons (appelés aussi Ayato) dans leurs ateliers.
Le roi Lonfin kèdotô transmit les avertissements de la Mort à chacun de ces groupes.
Les premières victimes
Malgré les mises en garde, la Mort agit. Un jour, alors que les adeptes du vodoun célébraient leurs esprits et agitaient leurs castagnettes, la Mort s’introduisit silencieusement dans leur couvent et les tua tous. Ce fut un choc énorme !
Sept jours plus tard, le forgeron, absorbé par son travail de fabrication d’armes pour contrer la Mort, fut lui aussi surpris et fauché en pleine activité. Ce fut une scène de cris et de larmes, suivie d’une résignation amère.
La stratégie d’Ifá
Pendant ce temps, Ifá consultait la sagesse. Le signe Tula do Logbé apparut. Il donna à Ifá des instructions précises pour se protéger :
- Déposer sur une natte des boules de pâte de maïs blanc et de pâte de maïs rouge.
- Placer une grande jarre d’eau amère (faite à partir de feuilles de légumes écrasées).
- Ajouter une autre jarre d’eau savonneuse (Adisi).
- Mettre un récipient avec du sang de mouton mélangé à de l’huile rouge.
- Le tout devait être placé devant la porte de la demeure d’Ifá, sous la garde d’Elègba, le messager d’Ifá.
À peine les offrandes déposées, la Mort et sa troupe apparurent. Elles étaient épuisées par leur voyage, assoiffées et affamées. En découvrant les offrandes, elles se régalèrent et, repues, firent demi-tour.
Les ruses d’Ifá
De retour dans son royaume, la Mort réalisa qu’elle avait échoué à éliminer Ifá, contrairement aux forgerons et aux adeptes du vodoun. Ifá, ignorant que la Mort avait été repoussée par les offrandes, s’attelait à un autre sacrifice prescrit par Tula do Logbé.
Il devait : - Couper en trois son grand pagne tissé.
- Faire sculpter trois statues à sa taille, chacune drapée comme lui.
La première nuit, Ifá dormit dans une autre chambre, laissant une statue le remplacer dans son lit habituel. Au matin, la statue fut déposée chez Elègba. La Mort et ses acolytes, la trouvant, s’en emparèrent et l’enterrèrent.
La deuxième nuit, Ifá changea de chambre, plaçant la deuxième statue dans la chambre et le lit qu’il venait de quitter. Le jour suivant, la Mort et sa horde passèrent, prirent la statue et la brûlèrent.
La troisième nuit, Ifá passa la nuit dans une autre chambre, laissant la troisième statue à sa place habituelle. La Mort et sa troupe repassèrent devant la maison d’Ifá, crurent le voir, s’emparèrent de la statue et allèrent la noyer dans la rivière.
La victoire d’Ifá
Quelques jours plus tard, la Mort réalisa qu’Ifá était toujours en vie. Elle s’avoua vaincue.
C’est alors que Tula do Logbé avertit Ifá que la Mort viendrait lui confier un objet fragile, comme un œuf, qu’il devrait garder précieusement. Ifá, prévenu, couvrit sa cour d’une épaisse couche de coton pour amortir tout choc.
Environ sept jours après son dernier échec, la Mort repassa devant la maison d’Ifá. Elègba, toujours vigilant, l’empêcha d’entrer. Fatiguée de l’obstination d’Elègba, la Mort lança un œuf par-dessus le mur, prétendant le confier à Ifá. Elle repartit et revint sept jours plus tard. Ifá sortit de sa chambre, l’œuf était intact. Il l’enveloppa d’une couche de coton encore plus épaisse.
Lorsque la Mort revint réclamer ce qu’elle avait confié, elle fut terriblement déçue : Ifá lui tendit un œuf parfaitement intact.
De retour dans son royaume, la Mort proclama : “Ifá est trop fort ! Qu’il règne désormais sur le monde des vivants, à condition qu’il me donne de temps en temps de quoi manger. J’ai déjà éliminé les Ayato qui disaient me voir, et les Asső hotô qui déclaraient me voir. Seul Ifá est resté discret sur ma présence parmi les vivants.”
Le soir même, Tula do Logbé demanda une faveur spéciale : un bain et un repas copieux.
Cette légende met en lumière l’intelligence et la sagesse d’Ifá face aux défis de la vie et de la mort. Elle souligne aussi l’importance des sacrifices et des offrandes pour maintenir l’équilibre.
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