Voici comment un policier et un commerçant ont perdu la vie dans cet affrontement, selon le maire de Kalalé
Les circonstances du drame survenu à Bouca dans la commune de Kalalé commencent à se préciser. Après une première vague d’informations sur l’opération de la police républicaine qui a viré au drame, Banouto a pu recueillir de nouveaux éléments qui permettent de mieux comprendre ce qui s’est réellement passé. Selon le maire de Kalalé, Tidjani Chabi Bani, contacté par Banouto, l’intervention des forces de l’ordre dans ce village du Nord-Bénin visait à empêcher la sortie frauduleuse de noix de cajou. Mais ce qui devait être une simple mission de saisie a pris une tournure tragique.
Retour sur une soirée sous haute tension où un commerçant et un policier ont perdu la vie.
L’affaire débute avec une alerte donnée aux autorités. « Des gens ont signalé à la police républicaine qu’un commerçant faisait sortir de façon frauduleuse des produits tropicaux, notamment des noix de cajou, du territoire national », a confié le maire de Kalalé à Banouto. Selon lui, les dénonciateurs ne se sont pas contentés de simples accusations : ils ont apporté des preuves. « Ils ont des images à chaque fois qu’il met les noix de cajou sur plusieurs motos pour le Nigeria », a précisé l’édile.
Sur la base de ces éléments, une première descente a été effectuée par les forces de l’ordre le dimanche 16 mars. Mais l’homme ciblé par l’opération a pris la fuite avant leur arrivée. Redoutant qu’il ne revienne vider son stock à leur insu, les policiers ont décidé d’intervenir à nouveau, cette fois avec un camion, pour récupérer les marchandises entreposées.
L’affrontement qui a tout fait basculer
C’est dans la soirée du lundi 17 mars que tout s’accélère. Alors que les policiers entreprennent de charger les noix de cajou dans leur camion, le commerçant, désormais sur place, s’oppose catégoriquement. Rapidement, la tension monte et la population locale s’agrège autour de lui. « Les gens ont commencé à lancer des pierres aux forces de l’ordre », a relaté Tidjani Chabi Bani.
Face à cette hostilité, les policiers effectuent des tirs de sommation. Mais un tir atteint le commerçant, qui s’écroule, mort sur le coup. L’incident embrase la situation. Furieuse, la foule s’en prend aux policiers et incendie deux de leurs motos.
Conscients du danger, les agents se replient en empruntant une route traversant un village situé à cinq kilomètres de l’arrondissement central. Mais la nouvelle du décès s’est déjà propagée, et à leur arrivée, la population locale les attend. Les tensions repartent de plus belle.
Un policier tué par un tir accidentel
Dans la confusion, les policiers tentent une nouvelle fois d’effectuer des tirs de sommation pour disperser la foule hostile. Mais un coup part mal. Un policier est touché par la balle de son propre collègue. Il succombe sur place.
En l’espace de quelques heures, ce qui devait être une opération de contrôle s’est transformé en bain de sang : un commerçant et un policier ont perdu la vie, et quatre autres personnes ont été blessées.
Retour progressif au calme
La situation aurait pu dégénérer davantage, mais grâce aux actions de sensibilisation des autorités locales, un retour au calme a pu être amorcé. « J’ai lancé un appel au calme à travers des gestes et des séances avec des proches de la victime », a affirmé le maire de Kalalé.
Mardi 18 mars, une réunion de plus de trois heures s’est tenue avec les habitants, en présence du directeur départemental de la police républicaine. « Nous avons pris le temps d’expliquer la mission de la police et les mesures gouvernementales en faveur des produits tropicaux », a ajouté Tidjani Chabi Bani.
Tout en appelant la population à ne pas se faire justice elle-même, l’édile insiste sur la nécessité d’un recours aux autorités en cas de litige. « Lorsqu’ils se sentent brimés, qu’ils se réfèrent aux autorités locales », a-t-il conseillé. [Rejoignez plus de 20.000 abonnés sur notre chaîne WhatsApp pour ne rien manquer de l’actualité béninoise ! Cliquez ici pour vous abonner.
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