La trypanosomiase humaine africaine, communément appelée maladie du sommeil, est une maladie parasitaire qui sévit en Afrique subsaharienne. Transmise par la piqûre de la mouche tsé-tsé, elle est potentiellement mortelle si elle n’est pas traitée à temps. Malgré les efforts de lutte, cette maladie continue de toucher des milliers de personnes, notamment dans les zones rurales où l’accès aux soins est limité.
La maladie du sommeil est causée par un parasite du genre Trypanosoma, qui se transmet à l’homme par la piqûre infectée de la mouche tsé-tsé (Glossina). Ce parasite se multiplie dans le sang et le liquide céphalorachidien, attaquant progressivement le système nerveux central.
Il existe deux types de la maladie, selon l’espèce du parasite :
Trypanosoma brucei gambiense Responsable de la forme chronique (98 % des cas), présente en Afrique de l’Ouest et du Centre. L’infection peut évoluer lentement sur plusieurs mois ou années avant d’atteindre le cerveau.
Trypanosoma brucei rhodesiense Responsable de la forme aiguë (2 % des cas), présente en Afrique de l’Est et du Sud. Elle évolue très rapidement et peut entraîner la mort en quelques semaines.
Comment se transmet la maladie ?
La transmission se fait principalement par la piqûre de la mouche tsé-tsé, un insecte présent dans 36 pays d’Afrique subsaharienne à savoir : Bénin, Togo, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Ghana, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Angola, Cameroun, République Centrafricain, Tchad, Congo (Brazzaville), République Démocratique du Congo (RDC), Gabon, Guinée Équatoriale, Burundi, Éthiopie, Kenya, Malawi, Mozambique, Ouganda, Rwanda, Soudan du Sud, Soudan, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe, Botswana36, Namibie. Parmi ces pays, la République Démocratique du Congo (RDC) est le plus touché, représentant environ 70 % des cas mondiaux. L’Angola, le Tchad, le Soudan du Sud et la République Centrafricaine restent également fortement affectés. La mouche tsé-tsé vit dans les zones boisées et humides, à proximité des rivières et des forêts.
D’autres modes de transmission existent, bien que plus rares :
- Transmission de la mère à l’enfant (infection congénitale).
- Transfusions sanguines ou utilisation d’aiguilles contaminées.
- Transmission mécanique par d’autres insectes piqueurs (cas exceptionnels).
Quels sont les symptômes de la maladie ?
La maladie du sommeil se développe en deux phases :
Phase précoce (hémolymphatique)
- Fièvre irrégulière, frissons
- Fatigue intense
- Maux de tête
- Douleurs musculaires et articulaires
- Ganglions lymphatiques enflés
- Démangeaisons et éruptions cutanées
Phase avancée (neurologique)
- Troubles du sommeil (insomnie la nuit, somnolence le jour)
- Confusion, troubles de la mémoire
- Changements de comportement, agressivité
- Troubles de la coordination (difficulté à marcher, mouvements incontrôlés)
- Paralysie partielle
- Convulsions (surtout chez les enfants)
- Coma et décès si non traité
Plus la maladie progresse, plus les dommages au cerveau sont graves et irréversibles.
Diagnostic et traitement
Le diagnostic repose sur plusieurs examens :
- Analyse du sang pour détecter le parasite.
- Ponction lombaire pour analyser le liquide céphalorachidien et évaluer l’atteinte neurologique.
- Examen des ganglions lymphatiques en cas de gonflement suspect.
Le dépistage précoce est crucial, car un traitement rapide peut sauver des vies et éviter les séquelles neurologiques.
Le traitement dépend du stade de la maladie :
- Phase précoce : Médicaments comme la pentamidine (pour T. b. gambiense) ou le suramine (pour T. b. rhodesiense).
- Phase avancée : Traitements plus lourds comme le mélarsoprol (toxique, mais efficace) ou le fexinidazole, un médicament plus récent et mieux toléré.
L’un des défis est l’accès limité aux traitements dans les régions reculées, ce qui retarde la prise en charge.
Une maladie encore présente malgré les efforts de lutte
Grâce aux campagnes de dépistage et de traitement, le nombre de cas a considérablement diminué ces dernières années. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), moins de 1 000 cas sont officiellement signalés chaque année, contre plus de 30 000 dans les années 1990.
Cependant, la maladie du sommeil n’a pas disparu. Plusieurs obstacles freinent son éradication :
- Manque de sensibilisation dans les zones rurales.
- Difficulté d’accès aux centres de santé.
- Réinfections fréquentes à cause des mouches tsé-tsé présentes dans l’environnement.
L’OMS vise l’élimination totale de la maladie du sommeil d’ici 2030, mais cela nécessite une mobilisation continue des gouvernements et des organisations de santé.
Focus sur le Bénin
Le Bénin fait partie des pays historiquement touchés par la maladie du sommeil. Cependant, des efforts soutenus ont été déployés pour combattre cette maladie :
- Surveillance accrue : Mise en place de sites de surveillance dans les zones à risque pour un dépistage précoce.
- Campagnes de sensibilisation : Information des populations sur les symptômes et l’importance du dépistage.
- Lutte contre la mouche tsé-tsé : Utilisation de pièges, pulvérisations ciblées et mesures environnementales pour réduire la population de vecteurs.
Ces initiatives ont porté leurs fruits. En 2021, l’OMS a validé l’élimination de la trypanosomiase humaine africaine en tant que problème de santé publique au Bénin, reconnaissant ainsi les efforts du pays dans la lutte contre cette maladie. Cependant, cela ne veut pas dire que la maladie a totalement disparu. Il existe toujours un risque de réapparition, notamment si la surveillance et la prévention ne sont pas maintenues. L’OMS recommande donc de continuer les efforts pour éviter toute résurgence.
Prévention : Comment se protéger ?
La meilleure arme contre la maladie du sommeil reste la prévention :
✅ Éviter les piqûres de mouches tsé-tsé :
- Porter des vêtements longs et de couleur claire (les mouches sont attirées par les couleurs foncées).
- Utiliser des moustiquaires imprégnées d’insecticide.
- Appliquer des répulsifs anti-insectes.
✅ Réduire la population de mouches tsé-tsé :
- Lutte biologique (stérilisation des mouches mâles).
- Pièges et pulvérisation d’insecticides.
✅ Sensibiliser les populations à risque :
Informer les habitants des zones endémiques sur les symptômes et l’importance du dépistage précoce.
Organiser des campagnes médicales mobiles pour atteindre les villages isolés.
La maladie du sommeil est l’une des maladies tropicales les plus meurtrières, bien qu’elle soit encore peu connue du grand public. Sa transmission silencieuse et ses symptômes trompeurs rendent son diagnostic difficile, et sans traitement, elle est fatale.
Il est essentiel d’intensifier les efforts de prévention, de dépistage et de traitement, en particulier dans les zones rurales où elle reste un problème majeur. Sensibiliser les populations et encourager la lutte contre la mouche tsé-tsé peuvent sauver des milliers de vies.
L’élimination de cette maladie est possible, mais cela dépend de l’engagement des autorités de santé et de la vigilance de chacun.