Les autorités sifflent la fin de la récréation.
Des hommes accusés à tort d’avoir “volé” le sexe d’autrui sont lynchés par la foule, parfois jusqu’à la mort. Face à cette vague de vindictes populaires fondées sur une croyance aussi absurde que dangereuse, les autorités de Yaoundé brisent enfin le silence.
Depuis quelques semaines, une étrange psychose secoue plusieurs quartiers de Yaoundé. Des individus, souvent des inconnus de passage ou de simples commerçants, sont violemment pris à partie par la population après avoir été accusés, sans preuve, de “vol de sexe”. Un phénomène irrationnel, digne d’un scénario de fiction, mais qui cause pourtant des morts bien réelles dans les rues de la capitale camerounaise.
Ces scènes surréalistes se répètent : une personne crie que son sexe a disparu après avoir croisé un passant, la foule s’ameute, lynche l’accusé parfois jusqu’à ce que mort s’ensuive. Et cela, sans qu’aucune vérification médicale ne soit faite. Dans ce climat de peur et d’hystérie collective, des vies sont brisées en quelques minutes.
Face à l’ampleur du phénomène, les autorités camerounaises sont sorties de leur silence. Le Préfet du département du Mfoundi, dont dépend la ville de Yaoundé, a publié un communiqué officiel en date du 10 juin 2025, pour condamner fermement cette violence gratuite : « Des individus sans foi ni loi livrent de paisibles citoyens à la vindicte populaire en prétextant qu’ils ont volé leur sexe… Il s’est avéré après vérification que les organes des prétendues victimes étaient bien en place. ».
Selon ce communiqué, dans trois cas récemment vérifiés par la police et la gendarmerie, il a été établi que les plaignants n’avaient subi aucune atteinte physique. Pire, certains demandaient déjà de l’argent aux personnes accusées, comme une forme de “réparation”. Une tentative d’escroquerie qui vire au meurtre collectif quand la foule s’en mêle.
Le Préfet met en garde : désormais, les fausses victimes, les meneurs de ces vindictes et tous ceux qui propagent cette rumeur, seront traduits en justice. Il appelle la population à la vigilance et à la dénonciation de ces actes barbares.
Mais comment expliquer que cette croyance en un prétendu “vol mystique de sexe” soit aussi ancrée dans les esprits ? Pour plusieurs sociologues, ce phénomène relève d’une panique morale nourrie par l’ignorance, les tensions sociales et parfois la manipulation de masse sur les réseaux sociaux. Dans certains pays africains, ce genre de rumeurs circule depuis les années 1990, souvent en période de crise ou d’incertitude.
Au Cameroun, ce climat délétère appelle à une prise de conscience urgente. Car s’il ne s’agit peut-être “que” d’un mythe, ses conséquences, elles, sont bien réelles : des citoyens innocents battus à mort, des familles endeuillées, et une société qui vacille entre superstition et violence.
A.A.T
Cliquez-ici pour plus d’informations.
Benin-news.com, l’information autrement.