Une croisade contre les imposteurs de l’Évangile, les charlatans à col blanc et à bible dorée
Fini le temps où n’importe qui pouvait s’autoproclamer “prophète”, “docteur”, ou “oint de Dieu” sans rendre de comptes à personne. En République Démocratique du Congo, l’État dit stop à l’anarchie spirituelle et envoie un message clair : la foi ne doit plus servir de couverture aux impostures, aux abus ni aux dérives occultes. Place à la transparence, même sous les soutanes.
La République Démocratique du Congo (RDC) a franchi un cap inédit dans l’histoire de sa gouvernance religieuse. Sous l’impulsion du ministre de la Justice, Constant Mutamba, une vaste opération d’identification des pasteurs et ministres de culte a été lancée depuis le 26 mars 2025, avec pour objectif d’assainir un secteur où prolifèrent les abus, les dérives mystico-financières, et parfois même les scandales criminels.
Gratuite et prévue jusqu’au 23 juin 2025, cette identification permettra de délivrer un permis officiel d’exercice du culte. À l’issue de cette période, tout pasteur non recensé se verra interdit de prêcher. Cette mesure, qui commence par Kinshasa avant de s’étendre à tout le territoire, répond à une instruction claire du président de la République.
Le Haut Conseil des Églises, par la voix du pasteur Godé Mpoyi, a salué l’initiative. Pour lui, c’est un soulagement que cette opération soit gratuite, mais aussi un pas vers l’assainissement tant attendu du champ religieux congolais, souvent infiltré par des charlatans à col blanc et à bible dorée.
Un modèle à suivre dans d’autres pays en Afrique
L’initiative congolaise mérite sans doute d’être exportée. Dans plusieurs pays d’Afrique, des hommes et femmes de Dieu autoproclamés sèment la confusion, l’arnaque et parfois la terreur, au nom du Très-Haut. Que dire de ces « prophètes » qui promettent des miracles contre espèces sonnantes, ou de ceux qui poussent des fidèles à brûler leurs diplômes ou refuser les soins médicaux ?
Des faits divers glaçants l’ont prouvé : pasteurs arrêtés pour viols sur mineures, empoisonnements rituels, détournements de femmes mariées, ou encore immixtion grossière dans la politique, allant jusqu’à prophétiser des résultats d’élections. Des pasteurs stars font désormais plus la une pour leurs frasques que pour leurs sermons.
Cette opération d’identification n’est donc pas une guerre contre la foi, mais une barrière dressée contre la manipulation et la criminalité sous soutane.
Abbas TITILOLA